Ils resteront des figures inégalées du grand banditisme même si leur règne ne durera que peu de temps. Mais La Bande à Bonnot en ce début de XXe siècle allait devenir une sorte de référence en matière d’anarchisme actif, violent et meurtrier. On se souviendra aussi de la chanson de Joe Dassin qui allait remettre en selle Bonnot et ses complices auprès du public des années soixante-dix. Vian aussi le chantera. Un mythe Bonnot sur fond de Brigades du Tigre, d’un Fort Chabrol où on va venir le voir mourir en direct pris au piège en 1912. Qui était vraiment Bonnot ? Jean-David Morvan, Laura Pierce et Stefan Vogel en tracent la vie éphémère, décortiquent le personnage et ses motivations dans une nouvelle version de La Bande à Bonnot déjà thème de BD exploité par Godard et Clavé ou dans une uchronie chez Delcourt. Au dessin de cet album au style à la fois réaliste mais aussi graphiquement agréablement décalé, Attila Futaki.
En 1912 à Courbevoie, assiégé par la police Bonnot se souvient de sa vie passée. Jeune ouvrier il est contacté par le milieu anarchiste syndical mais la politique ne l’intéresse pas. Il est marié, pauvre et a un fils malade. Il participe à une réunion clandestine mais la police débarque et l’emprisonne trois semaines. A sa sortie son fils est mort et sa femme le quitte. Jules Bonnot décide de faire payer sa mort à la société par tous les moyens. Il retrouve un compagnon de cellule, Platano. Il tue un souteneur et tombe amoureux de Judith, celle qu’il prostituait. Bonnot a décidé de ne plus plier l’échine. Il va voler avec sa bande une voiture et devenir la hantise du commissaire Guichard après le braquage d’une armurerie et d’une banque. Mais tout va mal tourner.
Le côté social de Bonnot est très largement appuyé par les scénaristes. Les illégalistes, donc les anarchistes rejetés par tous, de gauche comme de droite sont la source de cette Bande à Bonnot qui quoiqu’il en soit avait mélangé valeurs intellectuelles et crimes de sang. Il est évident que Bonnot peut passer pour un romantique mais comme le pense Morvan dans sa préface c’était un truand qui tuait sans pitié et se revendiquait aussi justicier d’un monde où les inégalités sociales étaient de règle. Pour qui la liberté et à quel prix, c’est aussi une autre façon de voir la Bande à Bonnot dont le souvenir reste très ancré dans la mémoire collective.
La Bande à Bonnot, Glénat, 19 €
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