Un destin hors normes, une vie faite de chocs et de combats, de peines et de quelques joies, enfant des bois, enfant sauvage devenu une référence, Marie-Angélique Le Blanc a marqué les esprits des lettrés du milieu du XVIIIe siècle. Serge Aroles a écrit un bouquin sur Marie-Angélique mais Jean-David Morvan avec Aurélie Bévière ont retravaillé le sujet, donné leur propre vision. Gaëlle Hersent a, elle, rendu vie à cette héroïne qui sera victime bien souvent de la médiocrité des gens de son temps.
Elle mange la viande crue, vit en liberté dans les bois, à moitié nue et semble-il, a la peau sombre. Une jeune adolescente révolutionne la vie de la campagne. On est dans la Marne en 1731. Les paysans la capturent, la lavent. Elle est blanche et ne dit pas un mot tout en déchirant de ses dents un poulet. Sa réputation atteint vite le noble et l’évêque du coin. La jeune fille devient la curiosité à la mode. On la met dans un hospice. La « sauvagesse » ne peut pas se nourrir et découvre à sa façon la religion et la Sainte-Vierge. Elle dit son nom, Marie-Angélique et manque mourir d’inanition. Elle survit et ses souvenirs reviennent peu à peu. Marie-Angélique a traversé l’Atlantique. Indienne, Esquimau, qui est-elle vraiment ? Adoptée au Canada, comment est-elle arrivée dans sa forêt de la Marne ?
C’est toute la vie de Marie-Angélique Le Blanc que raconte Sauvage, jusqu’à sa mort en passant par son amitié avec la reine de France, épouse de Louis XV. Un passé de fuyarde épouvantée par ces Blancs qu’elle ne comprend pas, violée, portant au cœur la mort de sa compagne de galère qui a partagé ses années de fille des bois. Marie-Angélique était une femme libre, intelligente et d’un courage admirable, indépendante. Grâce à Sauvage on la découvre avec beaucoup d’émotion, superbement mise en dessin par 24. Un beau combat à méditer.
Sauvage, Delcourt Mirages, 24,95 €
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