Un titre non pas oublié, ni écarté, simplement passé à côté. Les Pizzlys sont au rattrapage et on ne peut qu’en être heureux tant ce titre de Jérémie Moreau est du bonheur à l’état pur. Dérouté peut-être au tout début par les couleurs, le flashy rosâtre qui domine, on est ensuite pris sans pause par le récit, le dessin, l’histoire hors normes et si belle de Moreau dont La Saga de Grimr a été Fauve d’Or prix du meilleur album à Angoulême en 2018. Sans oublier des débuts en fanfare avec l’inoubliable Singe de Hartlepool Prix Canal BD 2013. Moreau est en constante évolution, création, courageux et intuitif. Ses Pizzlys sont aussi un conte réaliste mais enchanteur aux personnages plein d’amour et d’espoir dans un monde qui s’effiloche.
Paris nuit et jour au volant d’un Uber, Nathan chauffeur se fie à son GPS, ne sait pas où il va, rêve parmi les étoiles. Il travaille depuis la mort de ses parents pour élever sa sœur et son jeune frère, payer leurs études. Rien pour lui. Quand il prend Annie pour l’emmener à Roissy où elle part pour retrouver son Alaska natal oublié depuis 40 ans, il ne sait pas que son destin et celui de sa famille va basculer. Accident, voiture à la casse, plus un sou et des dettes. Annie lui propose de partir avec elle, sœur et frère compris. Pas simple de les convaincre mais c’est une dernière chance pour tout effacer et recommencer. Sauf que la maison d’Annie est perdue loin de tout au milieu des neiges et pour trois parisiens c’est le bout du monde.
Des visions dignes de Little Nemo, le retour aux sources pour Annie qui va renouer avec son peuple, initiations peu à peu des enfants, l’amitié et l’amour retrouvé mais avec de lourdes difficultés, la narration de Moreau est forte, claire, n’évite rien. Ses paysages et ses couleurs sont sublimes. La vie avant tout et ce fameux Pizzly mystérieux. Quête initiatique et la nature qui souffre, Jérémie Moreau mérite bien des compliments pour son grand talent.
Les Pizzlys, Delcourt, 29,95 €
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