Il fait partie de l’univers BD, de ce monde où il apparaît comme un repère que l’on a l’impression d’avoir toujours connu, discret mais implacable. Morchoisne est bien plus qu’un caricaturiste. Il est un artiste génial qui traque ses personnages et, d’un coup de crayon, les rend égaux à eux-mêmes, les dévoile, les révèle. Morchoisne est un devin et un magicien. On ne peut rien lui cacher. Dans Portraits crachés, il a rassemblé anciens et modernes accompagnés par les textes de François Morel qui ouvre le bal par un prologue savoureux, intelligent et ému.
L’abbé Pierre reste une icône. Il est le premier de la liste. Zidane, fraîchement nommé entraineur du Real, le dernier. Entre les deux, le coeur balance. Qui est la star de ces portraits ? Mitterrand et Mélanchon, cote à cote ? Morchoisne a su montrer toute la singulière ambiguïté de Mitterrand, un portrait du président pas vraiment un rigolo comme le souligne Morel. Fabius en prend pour Laurent, laurent-outang, l’orang-outang. Et devient Freddy à l’époque d’un certain sang contaminé. Et il y a le Grand Charles, De Gaulle, bien sûr, une galerie à lui tout seul. Gainsbourg joue son rôle. On retrouve Goscinny et Marilyn. Les Le Pen sont en grande forme. Morchoisne aussi.
François Morel colle à l’actualité des personnages portraitisés, les remet en perspective, ajoute une anecdote savoureuse, égratigne et joue avec les mots. Morchoisne taille dans le vif. Bernadette et Jacques sont le couple de l’album, bien loin devant les Obama. Un plaisir cette balade dans un musée haut en couleur dont il faut lire attentivement les légendes de Morel à l’humour ravageur, comme bien sûr les dessins de Morchoisne.
Portraits crachés, L’abécédaire de nos amis (ou pas), Glénat, 19,50 €
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