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RIP, du cadavre au menu

On ne se refait pas. Quand môme on aime les insectes, se transformer adulte en nettoyeur mortuaire, récupérateur de cadavres en sale état, il y a un lien côté asticots mais ce n’est pas le rêve. Derrick récure les appartements, les maisons où ont séjourné, souvent longtemps vu leur état, des paumés de la vie sans famille. Dans RIP, premier tome d’une nouvelle série qui ne fait pas dans la dentelle, on va le suivre à la trace. Ce sont Julien Monier au dessin et Gaët’s au scénario qui lui fignolent un destin à la hauteur de son job. Macabre mais réjouissant par le thème inhabituel pour ce polar qui sort des sentiers battus avec des personnages aussi déglingués que les corps qu’ils mettent en sac.

Il a quarante ans Derrick, aimait les insectes mais la vie en a décidé autrement. Avec ses copains, il travaille pour une société qui fait le ménage des endroits où on a découvert un cadavre solitaire et en mauvais état. Il a une copine, une sale gueule et rêve de fric. Une vie à la con et ce ne sont pas toujours des pauvres les morts en décomposition. Ils récupèrent tout Derrick et ses acolytes mais sous contrôle des chefs qui ne veulent pas qu’il y ait du coulage, ce qui ferait mauvais genre dans le décor. Il a droit aux conserves périmées, les produits ménagers. Et puis avec lui il y a le jeune Albert, un gentil qui fantasme sur les photos d’une jeune fille décédée qu’il a piquées. Il y a aussi Eugène, un gros dur violent largué et en arrêt devant Fanette, la barman. Enfin, il y a Mike, roi des jeux à gratter. On n’oublie pas le vieux, Maurice, un taiseux, et Ahmed. Le casting est fini. Les ennuis peuvent commencer car on a retrouvé une vieille dame et son fils handicapé momifiés. Et Derrick, tenté, va se laisser aller, bêtement, à piquer une bague.

La montée en puissance du drame qui couve et va avoir des conséquences est bien cadrée par Gaët’s. On se doute que le dérapage va être incontrôlé. Toute la bande va se sentir concernée et les coups vont pleuvoir. Innocent, coupable ? Règlements de comptes, on est dans le sanglant et il y a surprise au final. Et du cadavre tout frais au menu. Bien ficelé ce RIP. Et une suite qui devrait être tout aussi macabre.

RIP, Tome 1, Derrick, Je ne survivrais pas à la mort, Petit à Petit, 16,90 €

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