Adieu la Terre qui se meurt, le salut est sur Mars. Un exode massif a lieu vers la planète rouge qui va passer au bleu. Mais tous ne sont pas partis vers les étoiles et il y a eu des oubliés, des exclus qui ont tenté de survivre sur Terre, comme ils ont pu. Le Culte de Mars est un conte édifiant qui pourrait bien montrer que le bonheur n’est pas obligatoirement ailleurs quelque soit pourtant le sacrifice et la note à payer. Mobidic raconte comment une société peut, par peur, régresser, perdre son savoir ou placer ses espoirs dans une utopie mortelle. Un récit séduisant qui interpelle aussi et pousse à la réflexion tout en restant dans la lignée d’un Waterworld terrestre.
Les rares Terriens accrochés à leur planète sont redevenus des primitifs. Mars a accueilli la très grande majorité de la population, les plus riches partis à bord de fusées. Les villes ont été envahies par la végétation. Les humains, de génération en génération, ont oublié le savoir de leurs ancêtres. Superstitions, légendes, la Terre revit un Moyen Age sans espoir. Hermès, lui, rassemble toutes les informations scientifiques qu’il peut dans un grand livre en parcourant des chemins oubliés pour aider l’humanité à redécouvrir son savoir avant qu’il n’en reste plus rien. Il fredonne de vieilles chansons et est considéré comme le Messager de Mars, ce qui le protège. De vieux téléphones portables éteints sont devenus des idoles. Mais bientôt la Terre et Mars vont vivre l’opposition, le moment où les deux planètes sont le plus proche l’une de l’autre. L’occasion peut-être d’appeler à l’aide les exilés sur Mars, les anciens, devenus les idoles d’un culte sauvage.
Après Roi Ours, Mobidic est avec Le Culte de Mars dans une anticipation qui met sur la table ce que pourrait être l’avenir. Une planète perdue où la nature reprend ses droits, où la population redevient sauvage et vit dans l’obscurantisme, les sacrifices humains, tout en regardant vers le ciel. Question d’habitude. Il y a un vrai suspense dans Le Culte de Mars, une progression narrative avec la jeune sourde muette, Caroline, qui accompagne Hermès, vers des surprises nombreuses, une opposition violente, mortelle entre ceux qui savent et les autres. Mais quelle sera l’issue, et quelle est la vérité ? Le premier qui dit la vérité, il doit être exécuté chantait Béart. Hermès, lui, chante Brassens. Mobidic signe un état des lieux et un constat inquiétant mais optimiste aussi pour son futur. Son dessin a de belles qualités graphiques. Le cahier de croquis à la fin de l’album ne fait que le confirmer.
Le Culte de Mars, Delcourt, 18,95 €
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