Un parcours sans joie, des rues de New York quittées pour une affaire de fric qui a mal tournée vers le front en Allemagne en 1945, Altenberg est un GI’s qui préfère oublier ses origines germaniques, et un passé douteux. Bootblack, c’est un cireur de chaussures qui a fait aussi de la prison et a tout perdu. Il y a parfois des hasards dans le vie qui n’en sont pas vraiment. Un thriller très noir de Mikaël qui manie le désespoir comme toile de fond d’un drame à l’issue programmable. Le dessin est toujours aussi fort, réaliste et expressif.
Muté au front, Al Chrysler n’aime pas se souvenir de son vrai nom Altenberg. Quand il a été libéré de prison il n’avait plus personne, ni famille morte dans un incendie, ni copains abattus mais une ardoise à régler avec la mafia. Un paquet de fric qu’il avait piqué avec ses copains dix ans plus tôt. Sauf que Al s’était fait avoir ce qui ne va pas convaincre la mafia qui veut son fric. Restait plus à Al qu’à se faire oublier dans l’armée qui se bat en Europe mais surprise au tournant avec des retrouvailles inattendues.
C’est dans le machiavélisme même du scénario que Mikaël fait peser jusqu’à la fin tout le poids du suspense. Finalement ce pauvre Al est une victime désignée, voix off désabusée et sa Maggie perdue. Il ne se laissera pas faire mais sa vie sera de pire en pire. Un vrai loser Al jusqu’au bout dans un monde dont il n’aura pas su se tirer, qui ne l’a pas épargné. La reconstitution de New York est fascinante de détails, de vie, de mort. Idem pour les scènes de combat en Allemagne. Un cahier graphique de superbes dessins termine l’album comme pour le tome 1. Un diptyque puissant, violent et sans pitié. Triste et émouvant.
Bootblack, Tome 2, Dargaud, 14,50 €
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