Il avait eu des soucis dans l’épisode précédent Tyler Cross, alors autant aller se faire bronzer sous le soleil de Floride. Encore qu’un tueur qui fait du tourisme c’est quand même assez incompatible. Le pognon par contre, il aime bien Tyler et comme il a autant d’états d’âme qu’un serpent à sonnette, il va jouer du flingue et de la persuasion musclée pour augmenter son capital retraite au pieds des palmiers de Miami. Fabien Nury a encore plus forcé le trait, compliqué son scénario ce qui est bien. On ne fait pas dans l’entourloupe facile, il y a de la réflexion dans l’air, une pointe de machiavélisme qui peut tout faire déraper mais Tyler saura rester maître d’un jeu mortel que Brüno a lui aussi recadré par un dessin qui va à l’essentiel, sec et rehaussé par la couleur de Laurence Croix.
Une belle brune qui finit dans le béton, un avocat véreux Sid Kabikoff qui croyait que Tyler reposait en paix et claque son fric dans une opération immobilière douteuse, une poignée de truands refroidis, il est agacé Cross. Il a le rictus des mauvais jours. Il lui faut l’argent qu’il avait confié à Sid qui lui présente le maître d’œuvre de l’arnaque, Loomis. Il est dans la panade jusqu’aux yeux le roi de l’immobilier. Il a deux millions de découvert et pense se renflouer en achetant à bas prix une île des Keys et la revendre avec bénéfice. Il y a aussi des flics du procureur de Miami qui le piste Loomis et ça déplait à Tyler qui leur explique avec fermeté sa façon de voir les choses. En prime il a besoin d’une taupe Tyler et qui de mieux que la secrétaire de Loomis, Shirley, à qui il fait croire avec Sid qu’ils sont du FBI. Pas folle la guêpe mais elle a un petit ami tordu, Tommy Ray. Bon, à eux tous ils vont danser un joli ballet macabre dont le chef d’orchestre sera bien sûr Tyler Cross. A l’arrivée, il y aura des chaises vides.
De l’efficace, bien ficelé et une mayonnaise qui prend sans problème. Fabien Nury excelle (entre autres) dans le noir, le très noir. Il peaufine les ambiances, cisèle sans forcer les dialogues. Les influences et sa parfaite connaissance du cinéma des années cinquante sont évidentes. On va au vécu, en direct. L’action est reine et Tyler joue gagnant. Même constat pour Brüno. Le duo a trouvé son rythme et sa progression dans un narratif de plus en plus élaboré. Le résultat est imparable.
Tyler Cross, Tome 3, Miami, Dargaud, 16,95 €