Une sorte de résurrection dont il est difficile de parler car si intime, c’est celle de Catherine Meurisse qui a échappé de peu au massacre de Charlie Hebdo. Dans La Légèreté qu’elle consacre à son mal-être de survivante, Catherine Meurisse s’exorcise presque, tente de retrouver le goût à la vie, de refaire surface.
Traiter de son ouvrage n’est pas chose aisée. On oubliera le mot critique. On lui préfèrera celui d’édito dont le sujet pourrait être justement ce complexe terrible qu’éprouve tout rescapé sorti indemne malgré lui d’un massacre. Catherine Meurisse était en retard ce 7 janvier 2015. L’attaque contre Charlie avait commencé.
Avec une grande pudeur, une vraie tendresse, un amour pur en fait pour ses amies et amis de Charlie, Catherine Meurisse se bat contre sa douleur. Se sent-elle coupable de ne pas avoir été à leurs côtés ? Sûrement. On découvre au fil des pages et de ses dessins, incompréhension, stupéfaction, état rare, et pourquoi pas remord ? Elle doit, et elle va dépasser ce stade, que nombreux ont connu en particulier en 1945 à la libération des camps. Elle lutte avec des bas, des hauts qui la mènent à Rome où elle demande asile, ou sur les traces de Proust. Elle note qu’elle doit penser à vivre. L’émotion ressentie, et qu’elle fait partager, a une force incomparable. Les larmes se mêlent aux sourires, à l’humour, à la déprime. Catherine Meurisse combat la haine par le souvenir, la beauté de l’art et la fidélité aux êtres chers. On a envie de lui dire que sa légèreté nous est indispensable.
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