À toujours saluer, l’excellent travail des éditions Mosquito. En rééditant les albums de Micheluzzi (salué à Angoulême en 2011) Mosquito apporte non seulement sa pierre au patrimoine de la BD mais fait aussi un grand plaisir aux fans de l’auteur italien. Fils d’un pilote (son père Attilio Micheluzzi senior finira général), Micheluzzi est un fou d’aviation. Mermoz ne pouvait que le séduire. Il signe sa biographie à travers un album d’une richesse incroyable, d’un dessin parfait, fin, léger et dont les textes qui empruntent parfois volontairement à Joseph Kessel sont d’un écriture de haute tenue.
Pas simple pourtant de raconter la vie de « l’Archange » pour qui voler était tout. Mermoz sacrifiera sa vie à l’aviation. Daurat avait compris ses talents de pilote quand il le recrute en 1925 pour Latécoère qui commence des liaisons postales avec l’Afrique. L’épopée Mermoz fait ses premiers pas à Cap Juby avec ses amis Reine, Erable qui mourra avec Gourp tués par les Maures, Lécrivain, Saint Ex. Mermoz sera aussi capturé et échangé. Il se posera dans le désert et survivra. Le courrier doit passer. L’Aéropostale s’impose avant de franchir l’Atlantique et s’attaquer à la Cordillère des Andes.
Mermoz sera aussi de la fête, frôlera la mort avec Guillaumet. Et puis il y aura La Croix du Sud, l’hydravion d’Air France sur lequel il fera son dernier vol. On ne saura jamais ce qui s’est passé. Aucune trace ou débris de La Croix du Sud. Mermoz est mort comme il a vécu, une étoile filante qui marque à jamais l’histoire de l’aviation. Il faut relire le Mermoz de Kessel dont Micheluzzi cite des extraits dans l’album tout en incluant le romancier comme un personnage incontournable de la saga.
Micheluzzi cerne totalement Mermoz, homme d’action, incapable de rester derrière un bureau, homme de foi et de courage, d’abnégation. Il est intéressant de relire le Mermoz d’Hubinon et Charlier paru dans Spirou et sorti en album. Une autre époque de la BD, plus didactique, moins creusée que le travail de passion de Micheluzzi. Et puis si André Juillard, grand amateur d’aviation, sortait un jour son Mermoz dont les premières planches sont très belles ? Pour l’instant Micheluzzi est au firmament. On lui souhaite d’avoir rencontré Mermoz dans le ciel où tous les deux ils volent à jamais.
Mermoz, Éditions Mosquito, 18 €
Articles similaires