En 1841, un baleinier accoste aux Marquises. Deux marins vont en profiter pour déserter malgré la réputation de cannibales de la tribu qui peuple l’île. Adapté du roman autobiographique de Melville par Stéphane Melchior et Benjamin Bachelier, Taïpi, un paradis cannibale est un voyage qui s’apparente au mythe du bon sauvage de Rousseau. Les deux amis découvrent une autre culture, une autre façon de vivre mais on ne se déclare pas du jour au lendemain en rupture de civilisation face à un environnement hostile ou incompréhensible.
Tom et Toby en ont ras le bol de chasser la baleine sans succès. Leur navire fait escale aux Marquises sous autorité française. Ils désertent malgré ce que l’on dit de la tribu des Taïpi qui seraient mangeurs de chair humaine. Séduits par les jeunes femmes qui viennent à bord du baleinier, les deux hommes décident de pénétrer dans la jungle mais bientôt elle se referme sur eux. Tom se blesse gravement. Deux indigènes les recueillent et les amènent dans leur tribu. Petit à petit ils s’intègrent au mode de vie des Taïpi , Tom mieux que Toby.
Pris au piège d’une aventure séduisante au départ, basée sur l’exotisme, l’expérience des deux marins est vouée à l’échec. C’est la leçon vécue de Melville dans son roman. La nostalgie de la civilisation sera la plus forte. Une belle histoire chargée de sens. On n’échappe pas à sa culture ou au prix de sacrifices et de remises en question sans retour. Benjamin Bachelier a dessiné Ulysse Wincoop, autre voyage à le recherche d’une identité perdue. Avec Stéphane Melchior, leur Taïpi a le parfum envoutant et authentique des Mutinés du Bounty.
Taïpi, un paradis cannibale, Gallimard, 20,90 €
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