C’est en fait une suite au tome 14 de la série qui se justifiait assez car il fallait bien savoir où en était la France désormais fasciste de 1943 face à l’Angleterre dernière forteresse de la liberté en Europe. Il y aura même un autre tome qui apportera sa conclusion au triptyque. Jour J est une uchronie qui, c’est le jeu, réécrit la grande Histoire en en gardant les acteurs mais avec des destins souvent différents. Maza au dessin, spécialiste de la BD aéronautique apporte son talent à cet épisode très aérien écrit bien sûr par Fred Duval et Pécau qui ont une tendance certaine à multiplier les références à des personnages connus parfois oubliés du public actuel.
En 1943 Laval est président de la République. Simone de Beauvoir (Sartre doit se retourner dans sa tombe) est ministre de la propagande. Et la France se bat contre l’Angleterre avec une aviation et une armée toute puissante. De Gaulle a gagné la bataille du désert pour Oméga, nom du parti qui gouverne le pays. Il n’y a qu’une poignée de Français libres qui se sont réfugiés en Angleterre et se battent aux côtés de Britanniques. Pour les Américains et les Russes, il est urgent d’attendre. Ce qui n’empêche pas des espions US d’agir en France, ni des Français d’aider les pilotes anglais abattus. La comtesse de Serant cache un pilote qui a réussi à prendre des photos du nouveau sous-marin français capable de tirer des missiles. Elle doit aussi recevoir un orchestre soviétique accompagné par un certain Georges Marchais. Mais Lafont, un flic tortionnaire et fasciste piste les résistants.
Si Mendès France est bien pilote France Libre comme dans la réalité, Marchais (il a été secrétaire général du Parti Communiste français dans les années soixante-dix) en factotum des Soviétiques est un raccourci précoce. On piste donc les références glissées par Pécau et Duval qui devraient être au moins replacées par des notes dans leur vrai contexte pour un public moins averti. Dire par exemple que Laval a été fusillé en 1945 ou que Lafont a dirigé la Gestapo française. La vision de l’Allemagne nazie éclatée est intéressante dans cette uchronie qui joue avant tout sur le risque bien réel que représentait l’extrême-droite en France avant 1939. A noter que sous-titre de l’album fait indirectement référence à une réalité historique. Charlemagne était le nom d’une division SS de volontaires français. A voir comment le tome 3 réussira à rebattre les cartes.
Jour J, Tome 18, Opération Charlemagne, Delcourt, 14,95 €
Articles similaires