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Luisa, face à face sans concession

Carole Maurel a commencé à ouvrir sa voie en BD avec un premier album, Comme chez toi, qui démontrait tous les avantages de la cohabitation entre copines. Avec humour bien sûr. On l’a retrouvé avec L’Apocalypse selon Magda, touchant mais moins marrant, très sensible et un trait qui s’affirmait, mélange très séduisant de réalisme ligne claire et de manga à petites touches. Carole Maurel persiste et signe, ce dont on ne peut que la remercier. Avec Luisa, son dernier roman graphique, elle fait auto-psychanalyser une trentenaire par sa version ado qui va lui réapprendre à vivre sans prendre vraiment de gants mais pour un résultat garanti et réjouissant.

Luisa a 15 ans et débarque en descendant de son bus dans une rue de Paris, ville où elle n’a jamais mis les pieds. Et dans la foulée elle a changé de siècle. Luisa Arambol se souvient de sa tante et de son appartement non loin de là. Sauf que dans les lieux il y a une autre Louisa, 35 ans avec des lunettes, qui lui referme sa porte au nez. Pas évident de se découvrir dans un miroir redevenue ado. Luisa, la jeunette, se retrouve chez Sasha la voisine de palier de Luisa la trentenaire. Commence alors dans leurs souvenirs réciproques des aller-retour qui mettraient en joie le bon docteur Freud. Finalement réunies les deux jeunes femmes vont aller plus loin dans leurs regrets, leur désirs inavoués ou la perte de leurs illusions. Mais pour Luisa 2 le choc est rude.

Une digression dont on pourrait presque rêver à condition de s’en remettre. Pas simple ni facile de faire son propre bilan de vie face à celle qui pourrait à la limite changer son futur. On est dans un  contexte déjà connu, celui du double qui remet en cause celui ou celle qu’il deviendra. Mais Carole Maurel sait jouer avec talent du concept. Elle y ajoute aussi l’acceptation de sa sexualité au parcours initiatique de l’adolescente pas vraiment ravie de voir le résultat de sa post-jeunesse. On n’oublie pas des détails de scénario bien trouvés sur le risque de mélange physique des deux Luisa. Carole Maurel écrit bien, sans lourdeurs, avec plein d’idées qu’elle met en scène pour en arriver à un final émouvant et simple. Carole Maurel est un vrai talent à suivre de près.

Luisa, ici et là, La Boîte à bulles, 32 €

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