Un héros qui a son passé en bandoulière se planque dans un village perdu de la Cordillère des Andes. Tango (Le Lombard) est co-signé par Matz et Philippe Xavier. Pour ce premier one-shot, Tango se retrouve dans un environnement de western moderne assumé dés le départ par les auteurs. L’aventure c’est l’aventure. On va régler les comptes et lancer les bases d’une nouvelle série au moins en trois albums. Matz et Philippe Xavier sont revenus avec Ligne Claire sur les origines de Tango. Propos recueillis par Jean-Laurent TRUC.
Philippe Xavier, on fait un retour sur les origines du projet Tango ?
P.X. : C’est au moment de Hyver 1709. J’ai eu envie de faire quelque chose de plus contemporain en Amérique Latine avec Matz au scénario.
Pourquoi Matz ?
P.X. : Parce que j’aimais le Tueur et du Plomb dans la tête. C’était une BD que j’aurais bien aimé faire. Je me suis dit que ce serait bien de travailler avec ce genre de scénariste. Il y a une force dans ses dialogues qui permettent d’avoir des personnages plus vivants, plus charismatiques avec des zones d’ombre. On s’est rencontré à Saint-Malo. On a parlé un peu de tout et je me suis dit qu’on allait faire Tango ensemble.
C’était déjà Tango pour le nom du héros ?
P.X. : Oui, j’avais ce nom en tête.
Et vous Matz ?
M. : Quand on s’est rencontré on s’est aperçu qu’on avait beaucoup de goûts en commun, d’envies. Il ne m’a pas tout dit sur Tango et ça a mijoté de son côté.
M. : On était d’accord de faire un western contemporain, un récit d’aventure. Et Philippe me demandait de faire du Matz. Toutes les étapes de la conception ont été réalisées à deux avec beaucoup de fluidité.
Vous avez écrit le scénario ensemble ?
P.X. : On a fait un voyage en Bolivie de trois semaines et cela nous a permis d’explorer décors, ambiances, couleur, mais on se racontait aussi le soir les différentes scènes du bouquin comme un film. Comme un puzzle auquel on apportait chacun nos pièces.
M. : On a pris des notes, on a décrit des scènes. Ensuite c’est plus le travail du scénariste de lier la sauce.
P.X. : On avait découpé toutes les scènes. Matz est rentré à Paris et il a mis ses notes au propre.
On sent sur la série les influences du cinéma, du polar, sur le cadrage des personnages.
M. : C’est très important d’avoir des personnages secondaires forts. Un des thèmes de l’album est que tout le monde a quelque chose à cacher ce qui donne aussi plus de force aux personnages secondaires. On va débusquer leurs secrets.
Où allez-vous avec Tango ? On voit bien une série avec deux personnages clé, Mario et Tango.
P.X. : Au minimum on fera trois albums. On verra. Il y a eu beaucoup de changements sur le projet. On avait beaucoup de pistes au départ. Mario le détective mourrait dans une première version mais on s’est attaché à lui. On en a fait le Barney de Bernard Prince. Moi je voulais faire du Corto-Bernard Prince. Évasion, voyages, un personnage détaché de tout.
P.X. : Non il y en a trop en ce moment.
M. : C’est un western moderne. Il y a même des chevaux (rires).
P.X. : J’aime bien me démarquer. Toutes mes séries sont différentes de celles qu’on trouve au même moment quand elles sortent sur le marché.
Vous avez signé une série d’aventure. C’est délibéré.
M. : On voulait faire une série qui avance vite, avec de l’énergie, avec des séquences les plus captivantes, faire une BD qu’on aurait nous plaisir à lire. C’est mon but dans chaque projet.
P.X. : Il ne faut pas oublier non plus que ces histoires sont des one-shot.
Polar, thriller aussi, enlèvement, il pique le fric de la maffia, Tango joue sur plusieurs tableaux ?
M. : C’est bien un mélange des genres. On prend ce qu’on veut. Le côté western c’est l’épure, des enjeux clairs et forts, avec une évolution psychologique des personnages.
Ce n’est pas le repérage en Bolivie qui vous a décidé ?
P.X. : Non. On l’a fait une fois que le projet a été bouclé. Le tome 2 se passera aux Bahamas.
On y retrouvera le duo mais aussi Carmen, la tueuse ?
M. : Carmen ne revient pas dans le tome 2. On aura le duo Tango et Mario.
P.X. : Il va y avoir de nouveaux personnages dont le grand-père de Tango qui sera très important dans ce tome 2. A chaque fois on prend un personnage qui va porter les émotions et révéler quelque chose de plus sur Tango.
Il n’y a pas vraiment de personnages féminins. C’est une histoire de mecs ?
P.X. : On s’est posé la question de garder Agostina. Mais elle décide de ne plus revoir Tango donc il s’en va. Elle ne veut pas bouger. Tant pis.
M. : Elle est fâchée (rires).
Tango a un bon fond. C’est voulu ?
M. : Il est très positif. Si il avait eu un passé trop lourd, ça aurait décalé l’histoire. On comprend son passé mais on ne juge pas les personnages.
Votre dessin, les gros plans, les duels, sont travaillés. Comme au cinéma.
P.X. : Oui c’est voulu. Je suis d’accord quand on dit que la BD c’est du cinéma sur papier. On fait notre film. Je suis un réalisateur et je dois faire vivre mes acteurs. Et cela passe par mes cadrages. Je suis contre des cadrages hyper travaillés. Je dois guider le lecteur. Il faut trouver le bon emplacement pour la caméra. C’est un jeu pour trouver l’équilibre parfait.
Il y a une part de mystère toujours latente sur Tango ?
M. : On va découvrir encore beaucoup de choses, c’est un bourlingueur. On va en apprendre sur lui au fur et à mesure comme l’explication de son surnom.
Tango a le sens de la formule dans les dialogues
M. : C’était une demande de Philippe d’avoir des dialogues bien sentis.
Le tome 2 est prévu pour quand ? Comment travaillez vous Philippe Xavier ?
P.X. : Je viens de terminer la planche 45 sur 70. J’aurai fini en février. Ensuite il y a la couleur. Il devrait sortir en septembre prochain. Sur le tome 1, c’est moitié moitié. Il y a toujours les planches en traditionnel mais je les retouche digitalement. Puis j’ai essayé de faire une planche totalement sur écran et l’encrage. J’y ai pris beaucoup de plaisir. On peut zoomer et c’est plus agréable. Il ne faut pas faire des détails minuscules. C’est un outil de travail et une évolution normale du dessin.
P.X. : C’est un travail au quotidien, j’envoie la planche à Matz, on peut retravailler des dialogues. Il y a eu aussi un gros travail de notre éditeur Gauthier, très attentif.
M. : Sur le tome 2 on a rediscuté le scénario et il nous a donné des pages en plus. J’ai tout réécrit.
P.X. : Matz a la qualité d’être très réactif au changement. Au fait, on a oublié de dire qu’on voulait faire un film avec un duo comme ceux des années 80 dans le style de 48 heures.
Hormis Tango quels sont vos autres projets ?
M. : J’ai une BD en janvier, Vie volée, chez Rue de Sèvres, les enfants disparus de la dictature en Argentine. C’est de la fiction basée sur la réalité.
P.X. : Je suis à fond sur le tome 2 de Tango. Il faudra savoir si on enchaîne sur le 3 ou si je choisis la possibilité de continuer sur un second dyptique d’Hyver 1709.
M. : Si on fait un tome 3 il faudra enchaîner vite. On a voulu faire un truc moderne, d’aventure et en même temps classique.
Il y a un manque de ce style de BD aujourd’hui ?
P.X. : Il n’y en pas comme ça en fait. Tango, c’est mon rêve de gamin. Je lisais du Giraud, du Hermann. J’ai envie de retomber dans cette enfance et la faire partager aux lecteurs. Simple, léger, un one-shot. On se fait plaisir.
M. : On essaye de revenir aux fondamentaux.
P.X. : Il y a peut-être de la nostalgie. Il y a un manque. On s’est bien amusé.
M. : Il y a effectivement un côté jubilatoire. La façon dont les séquences s’enchaînent c’est là qu’on voit la qualité, qu’on est transporté, qu’on a pris du plaisir.
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