Laureline Mattiussi revient avec un ouvrage où polar et amour se mêlent dans une sarabande inhabituelle. Un petit truand, Poe, est amoureux et joue son avenir à coup de hasard. On avait aimé L’Île au poulailler et La Lionne. Virement de bord dans une lignée noire et blanche, celle de Munoz presque, un trait qui a évolué, s’est affiné ou affirmé, accentue les personnages, ombre les ambiances. On flirte avec le rêve, le cauchemar, la violence et la rédemption. Chacun peut apporter sa propre vision à cette aventure où le ciel ne peut pas attendre.
Poe est un bizarre. Avec son copain Harly il va à la banque que Harly a braqué et où il veut déposer le butin. Histoire de karma pour Harly qui pète un plomb et oblige Poe à se faire la malle. Un incompris Poe, truand et amoureux de Lola, il déteste les méchants. Un autre coup se présente. Poe joue avec des allumettes sa participation au casse que Harly lui propose. Superstitieux aussi Poe. Ils manquent se flinguer pour une bête histoire de masques. Il finit par ne plus savoir où il habite. Un ange l’accompagne. Et Lola le rejoindra.
Une drôle de ballade qui demande qu’on plonge sans retenue à la suite de Poe. Ses interrogations sont dangereuses. Fou ou lucide, Poe est le bébé de l’écrivain argentin Carlos Salem. Coïncidence ou influence sud-américaine ? Toujours est-il que Laureline Mattiussi a un talent fou et imposant. Elle expose en ce moment à la galerie Glénat à Paris les originaux de ses planches que l’on peut voir en ligne.
Je viens de m’échapper du ciel, Éditions Casterman Rivages, 18,95 €
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