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Éveil, coup de cœur au pays des masques

Une grande poésie dans ce manga au format résolument européen. Taiyō Matsumoto signe Éveil, où comment deux frères vont être mis en compétition pour devenir le sculpteur de masques de la communauté. Avec ces masques, les danseurs peuvent solliciter les esprits de la nature, faire pleuvoir par exemple quand les récoltes le demandent. Auteur de manga depuis trente ans, invité d’honneur du festival, Matsumoto s’est vu consacré une rétrospective à Angoulême 2019. Elle dure jusqu’au 10 mars au Musée d’Angoulême.

Mozu danse pour faire venir la pluie. Mais sans succès. Avec son masque sculpté et son costume traditionnel. Il faut désigner un successeur au sculpteur de masques. Le choix se porte sur Yuri qui voit les esprits, et Tsubaki dont les masque les indisposent. C’est pourtant lui qui est désigné par son père, Kiku. Tsubaki est aigri. Rejoint par Yuri à la table familiale avec Tsubaki, Kuki annonce qu’il fera un masque pour un mariage. Il ne veut pas que son fils s’en charge. Yuri passe pour un fou. Les saisons s’écoulent. L’hiver verra peut-être la fin de Kuki qui rappelle à son fils l’histoire de la mer.

On est dans un récit qui coule lentement, reprend les thèmes fondateurs de la vie, de la mort et de la beauté de la nature, une communauté inventée. C’est elle qui doit se refléter dans les yeux de Yuri et pour cela il faut qu’il affronte le monde. Le trait est très délicat, noir et blanc, détaillé. D’une grande beauté suggestive. Même si on n’est pas familier de l’œuvre de Taiyō Matsumoto, c’est une occasion de la découvrir. Éveil paru en 2002 est méconnu. C’est un coup de cœur. Un parcours initiatique pour Yuri vers une communion totale avec la nature. On ne peut rester indifférent devant un talent si particulier et indépendant.

Éveil, Kana, 18 €

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