Tomi Ungerer avec Hansi sont les deux grands auteurs alsaciens, brillants, incontournables dessinateurs, mémoires aussi des drames que l’Alsace a connu de 1870 à 1945. Tomi Ungerer avait été traumatisé par l’annexion nazie et par la méfiance française de 1945 où on avait stupidement interdit de parler alsacien. En adaptant Pas de baiser pour maman d’Ungerer qui date de 1973, un roman jeunesse, Mathieu Sapin fait œuvre de mémoire car très marqué, il le dit, par cette œuvre quand il était enfant. Et redonne à Ungerer, auteur de Trois Brigands, si besoin était, un petit coup de neuf qui permet de retrouver à travers le bel album de Sapin un grand auteur, illustrateur, qui a signé entre autres l’affiche du film Docteur Folamour.
Jo est un petit chat rêveur qui aimerait bien attraper des souris. Jo a cassé son réveil et essaye de le réparer mais de rage il le jette par la fenêtre. Sa maman madame Chattemite lui fait des bisous et des câlins mais Jo ne supporte pas. Énervant. Il n’aime pas non plus se laver alors il fait semblant en lissant ses BD cachées derrière la baignoire. Jo ne veut pas être un minet de carte postale. Il n’est pas très gentil avec sa maman qui le traite de petit chou en sucre. Un raisonneur Jo, sûr de lui mais son papa le rappelle à l’ordre et le menace d’une correction. Il décide de l’amener à l’école. Et Jo refuse d’embrasser sa mère. Il ne le fait qu’en cas d’absolue nécessité.
Une histoire qui a sa morale et un vrai fond. Les baisers sont-ils des marques d’affection ? Et au papa on ne la fait pas. Petit chahuteur, mauvaise tête, bagarreur, Jo vit plein d’aventures que pourrait aussi vivre évidemment un petit garçon mais il ne le sait pas encore, il a un grand cœur et a aussi besoin d’affection. Mathieu Sapin au grand talent, auteur discret, a su transcrire la tendresse qu’Ungerer avait mise dans son roman et son humour. Une maman, un enfant, un papa, ce conte délicieux est émouvant. Sapin et ses chats en a fait un très beau moment de poésie et un bel hommage à Tomi Ungerer.
Pas de baiser pour maman, Rue de Sèvres, 15 €
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