Sylvain Runberg et Olivier Martin aborde sous forme romancée, voire peut-être d’autobiographie partielle, le douloureux chemin de la création artistique et du quotidien d’un auteur de BD. Cases blanches est la lutte difficile que mène un dessinateur face à la création, à l’absence d’envie, tout en faisant découvrir indirectement aux lecteurs les dessous du monde de l’édition BD. Fort et émouvant.
Vincent Marbier, après quinze ans de succès d’estime, a enfin décroché le gros lot. Son album, le tome 1 de la série Les Sentiers des ombres, se vend très bien. C’est l’incontournable de l’année et un miracle pour les éditions Rivages qui l’éditent. Éditeur, scénariste, lecteurs et libraires, tous attendent avec impatience le tome 2. Marbier a promis de livrer les planches dans les meilleurs délais. Sauf qu’il est incapable d’aller plus loin que la première case, bloqué intellectuellement, déboussolé par son divorce et par un succès qu’il ne maîtrise pas, qui lui échappe et pour lequel il n’est pas prêt. Il va mentir, se mentir, dire qu’il a perdu ses planches mais son éditeur et son scénariste sont prêts à le remplacer si besoin. Marbier continue dédicaces et salons mais diverses rencontres vont le faire évoluer jusqu’à son point de non retour.
C’est vrai que ceux qui connaissent le monde de la BD auront plus de repères pour suivre et comprendre le cheminement moral du héros de Runberg et Martin. Reste que le parcours de ce drame psychologique (qui n’a rien d’un thriller, terme galvaudé) est bien ficelé jusqu’au coup de théâtre final qui autorise la conclusion humaine et nette du sujet. Le dessin d’Olivier Martin est parfait, colle aux personnages avec chaleur et réalisme.
Cases blanches, Grand Angle Bamboo, 16,90 €
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