Une sortie simultanée de trois titres qui ont en commun le créateur de leur héros, Jacques Martin. Un Alix bien sûr avec le Serment du gladiateur, un Jhen avec La Peste et un Lefranc qui remue la fibre régionale de tout amateur des grands espaces lozériens de l’Aubrac, Le Principe d’Heisenberg. Trois genres différents mais des valeurs sûres de la grande BD d’aventure qui tiennent agréablement la distance grâce à des bons repreneurs aussi bien au scénario qu’au dessin.
On commence par Lefranc et Le Principe d’Heisenberg qui a l’Aubrac pour cadre entre Lozère et Aveyron. Un triple meurtre à Brameloup, une véritable exécution sur laquelle Lefranc part enquêter. D’autant que l’inspecteur Renard est en vacances sur place. Il aurait des informations malgré la mort violente d’un témoin. Lefranc descend vers l’Aubrac mais on est à une époque où les nationales sont encore les reines. Nevers, Saint-Pourçain, Clermont, Saint-Flour et sa ville haute, le viaduc de Garabit, Saint-Chély, Malbouzon (alors là il faut vraiment saluer le routeur ça ne s’invente pas), Nasbinals, ni non plus le charmant village d’Aubrac, froid comme un glaçon et son sanatorium. Lefranc retrouve sur place un confrère et une jeune consœur. Une curieuse pierre a été retrouvée sur l’un des cadavres. Le thorium, un minerai, aurait pu révolutionner l’industrie nucléaire de la région. Mais les services de renseignements français sont impliqués dans l’affaire. Corteggiani a peaufiné son scénario entre espionnage, polar, et secrets défense. Christophe Alvès est dans la lignée graphique de Martin. On a apprécié aussi l’agence Midi Libre de Rodez, un clin d’œil sympa.
Lefranc, Tome 28, Le Principe d’Heisenberg, Casterman, 11,50 €
Jhen va devoir affronter La Peste sur le chantier où il travaille à Trani. Aniello, un simple d’esprit, est aimé de tous. Mais Dame Orsini qui a commandité le chantier semble haïr un jeune garçon juif Elioz. Antisémite elle monte la population contre les Juifs alors que la peste semble frapper l’évêque de la ville. Des processions et les premiers signes de pogroms apparaissent toujours provoqués par Dame Orsini et son fils. Un lourd secret de famille est en réalité la cause de ce déferlement de haine et de violence. Une histoire qui montre les persécutions religieuses nombreuses à cette époque. Jean-Luc Cornette, Paul Teng et Jerry Frissen ont eux fait évoluer si ce n’est l’ambiance mais le trait de la série en accentuant le réalisme par rapport à l’ancienne ligne claire.
Jhen, Tome 16, La Peste, Casterman, 11,50 €
Le Serment du gladiateur est le nouveau Alix dans la série mère à la livrée classique signée par Marc Jailloux dernièrement rencontré à Paris lors du vernissage de l’exposition consacrée à Tango de Matz et Xavier. Alix retrouve Tullia avec Enak. Un gladiateur Lame-serpent est une célébrité de l’arène. Alix aide le gladiateur tombé dans une embuscade qui lui sauve la vie. Il lui raconte son histoire et la rivalité entre les deux filles de la prêtresse d’Angitia. Il aimait celle qui le considérait comme un frère et rejeté Dipsas, celle qui l’aimait. Jalousie, Lame-serpent est tombé dans un piège et Alix voudrait le sortir de sa condition de combattant. Mais le gladiateur est poursuivi par la haine de Dipsas reine des maléfices. Une tragédie pure et dure bien écrite et dessinée, là aussi dans la veine Martin.
Alix, Tome 36, Le Serment du gladiateur, Casterman, 11,50 €
pour une fois la couverture de jhen « la peste » ne correspond à aucune scène contenue dans l’histoire ceci dit j’ai ADORé le titre amitiés