Catégories : Albums

J’ai tué Marat, Charlotte Corday persiste et signe

A la base de cette collection, des assassins et des victimes célèbres. Après Abel et Cain ou Philippe II de Macédoine, ces sont Marat et Charlotte Corday qui font la Une de ce nouvel album. Traité de façon particulièrement originale par Laurent-Frédéric Bollée au scénario, ce couple unis par la mort et que tout oppose s’offre un dernier face à face avant de rejoindre l’éternité. Une joute étonnante, surprenante qui finalement pourrait presque faire croire qu’on s’est trompé sur qui est la vraie victime ou, mieux, si Marat et Corday ne sont pas égaux bien qu’ennemis dans leurs convictions.

Elle trucide Marat avec un couteau de cuisine, Charlotte Corday, et bien sûr elle est guillotinée accusée de parricide. Mais sa jolie tête aura un dernier éclair et dans les limbes, Charlotte se retrouve devant Marat. Commence alors une joute verbale passionnée. Marat n’est-il que le terrifiant révolutionnaire prêt à sacrifier des milliers de vie ? Où un médecin idéaliste, journaliste, écrivain, sauveur du peuple au prix de quelques sacrifices ? Charlotte bien que noble est pourtant elle-aussi convaincue que la Révolution est nécessaire mais que la mort de Marat éviterait bien des tueries. Charlotte raconte à Marat qu’elle s’y est reprise à trois fois avant de pouvoir l’approcher dans sa baignoire. Elle s’est sacrifiée. Marat lui aussi mais pour le peuple. Enfin il lui laisse entendre que sa mort n’a rien arrangé, bien au contraire.

On pense à une pièce de théâtre de la qualité du Souper. Ce Marat-Corday a une fougue et une écriture qui coupe le souffle, chose rare en BD. Olivier Martin accompagne, soutien d’un trait réaliste et fort le texte de Laurent-Frédéric Bollée. Charlotte ne saura jamais que la Terreur après la mort de Marat s’amplifie jusqu’à la destitution d’un autre excité pire encore, Robespierre qui finit sur l’échafaud. Toute Révolution a les martyrs et les victimes qu’elle mérite. L’Histoire s’écrit souvent dans le sang d’innocents déclarés coupables par des illuminés jusqu’au-boutistes.

J’ai tué Marat, Vents d’Ouest, 14,50 €

Partager

Articles récents

La Sagesse des mythes de Yvain le chevalier à la Belle au bois dormant

On avait déjà signalé que La Sagesse des mythes, la collection consacrée à la mythologie…

21 novembre 2024

Pyongyang parano, les blaireaux des légendes

Du vécu un peu amélioré mais qui sur le fond est passionnant et remarquable. Comment…

21 novembre 2024

bd BOUM 2024, c’est ce week-end du 22 au 24 novembre 2024

Récompensé par le Grand Boum-Ville de Blois, David Prudhomme préside la 41e édition du festival…

20 novembre 2024

Mémoires de gris, Tristan et Yseult revisités

Un bel album ce qui est tendance, dos toilé, beau cartonnage et 240 pages, Mémoires…

20 novembre 2024

Un doublé belge de Spa à Bruxelles chez Anspach

On les suit de très près les éditions Anspach car c'est vrai on a un…

20 novembre 2024

Prix Landerneau BD 2024 présidé par Mathieu Sapin, la sélection

L’auteur et dessinateur de bandes dessinées Mathieu Sapin préside aux côtés de Michel-Édouard Leclerc le…

19 novembre 2024