Un road-movie, Comment naissent les araignées, un peu à la Thelma et Louise, violence en moins, Marion Laurent a tracé le destin de trois femmes et d’un homme qui vont faire un bout de chemin ensemble. L’Amérique des années quatre-vingt-dix est la toile de fond de cette aventure humaine douce amère.
Alice se verrait bien embarquée dans une belle histoire d’amour. Seul son oncle la comprend. Quand elle rencontre Dwight, barman mais aussi dessinateur de comics, elle y croit au bonheur. Même quand il faut partir en voiture à la recherche du garçon parti sans laisser d’adresse. Et c’est Isadora qu’Alice manque de renverser sur la route. Elle pourrait être sa mère et a un faible pour la bouteille. Ancienne infirmière traumatisée par une mère tyrannique, Isadora est devenue SDF malgré une fille qu’elle a eue il y a longtemps et dont elle n’a pas de nouvelles. Reste Billie, jeune Noire élevée par une mère obsédée par la religion et un frère qui la surveille. Les trois femmes vont rassembler leurs solitudes dont Dwight a peut-être une des clés.
Marion Laurent joue avec ses personnages dont elle tient en main les fils de la vie. Il y a beaucoup de tendresse dans ces femmes qui finiront par aller au bout de leurs routes même si cela leur coute. On met nos pas dans les leurs, témoins de leurs mutations et de leurs désespoirs. Enfin, avec un trait souligné et sans complication, Laurent Marion qui signe son premier album complet, conclue sa balade tragique aussi. Un excellent récit.
Comment naissent les araignées, Casterman, 18,95 €
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