Un monde où le net et le cloud ont explosé livrant en pâture au monde entier librement les petits et grands travers des individus, c’est le contexte de Private Eye, un comics qui accroche par son ton, son scénario et son dessin. Des astuces, des idées qui font mouche, désormais pour se préserver on porte un masque comme au plus beau temps des carnavals vénitiens. Mais il y a toujours des empêcheurs de tourner en rond, des affaires sordides et des meurtres à élucider. Brian K. Vaughan au scénario et Martin Marcos au dessin déroulent le fil de ce polar bien carré, finalement sur des bases assez classiques mais efficaces. Un album qui figure dans la sélection Polar d’Angoulême 2018.
Il prend des photos depuis une terrasse d’une fille qui pourrait bien quand elle enlève son masque ne pas avoir l’âge qu’elle paraît. Des journalistes du quatrième pouvoir, des journalistes qui remplacent la police, déjouent les plans du paparazzi qui réussit à s’enfuit. C’est en fait un détective privé qui recherchait le premier amour d’un client à tête de poisson. On se cache désormais derrière un masque pour ne pas subir les conséquences du cloud qui a éclaté. A son retour à son bureau Patrick Immelmann dit P.I. reçoit la visite d’une femme à tête de tigre, Taj, lui demande d’enquêter sur elle, sur tout ce qui pourrait lui nuire pour obtenir un poste important. Si elle a des squelettes dans le placard elle veut être sûre qu’ils sont bien enterrés. P.I. accepte et rend visite à son grand-père persuadé que son téléphone portable marche encore. Internet a été banni du monde civilisé. Taj est assassinée et P.I. va tout faire pour découvrir par qui.
Toute société a ses mystères et ses grands sorciers dont les intérêts dépassent ceux des simples mortels. The Private Eye est une sorte de vision futuriste négative appuyée sur ce qui pourrait bien arriver en cas de rupture du net. Un rythme nerveux, un héros au destin bouleversé, un complot et le tout noir à souhait. On se laisse balader par ce Private Eye qui remet en cause l’idée même de la vie privée.
The Private Eye, Urban Comics, 28 €
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