Une jeune héroïne, Julie Petit-Clou, qui entend les esprits et travaille avec sa mère diseuse de bonne aventure débute une nouvelle série qui a pour cadre les expositions universelles parisiennes. Jack Manini est au scénario. On lui doit récemment l’excellent et atypique Arthur Cravan. Au dessin c’est un autre grand nom, Étienne Willem qui abandonne un court instant Les Ailes du singe et nous avait parlé de ce projet à BD Plage Sète. Pour ce premier album, l’exposition universelle de 1855 est la cadre d’un complot qui pourrait bien voir la perte de Napoléon III. Du rythme et du charme pour ce polar politique qui rebondit sur les traces de la grande Histoire. On va retrouver avec plaisir Julie. Elle grandira au fil des expositions jusqu’en 1937.
Maria Zambelli, cocotte parisienne, aurait dû empoisonner Napoléon III, son amant. La jeune femme n’a pas pu et se retrouve pendu par ses complices sous les voutes du pont de l’Alma tout neuf. Julie Petit-Clou voit dans un cauchemar la scène du crime. La police sait les liens de Maria avec l’empereur mais accrédite le suicide bien que Julie parle de son rêve. Dans la foule un industriel découvre Julie et sa mère. Il voudrait que la voyante et sa fille lui disent où est passé son bateau en ciment. Au Palais des Tuileries Napoléon III reçoit son ami le colonel Ferrand de retour d’Algérie que la France a conquis et où elle a envoyé des colons prendre les terres des Arabes. Napoléon voudrait les leur restituer mais ne le fera pas. Ferrand s’est converti et a épousé une Kabyle. Pour l’ouverture de l’exposition universelle, un grand défile de chars est prévu. Mais sa femme est enlevé par ceux qui ont tué Maria. Ils veulent que Ferrand proche de l’empereur le tue. Pendant ce temps la mère de Julie accouche et la fillette rencontre Ferrand car elle peut reconnaitre ceux qui ont enlevé sa femme.
Une intrigue bien ficelée, construite avec soin et dessiné avec beaucoup de vie par Willem. Manini sait faire monter la pression dans cette série qui a un vrai côté feuilleton. Des personnages forts en gueule, une attaque en règle contre la politique coloniale de la France en Algérie qui préfigure la guerre future, et puis il y a Julie, rigolote mais dont on sent le potentiel d’aventurière juvénile qui grandira. Un joyeux mélange de réalisme et un soupçon de fantastique avec Julie la médium. Très agréable et vraiment bien dessiné par un Willem qui montre tout son talent. Un cahier documentaire sur l’exposition en fin d’album.
La Fille de l’Exposition Universelle, Tome 1, Paris 1855, Grand Angle, 14,90 €
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