Manara, un talent rare dans tous ses états pour Noël

Il est rare qu’une autobiographie se lise avec autant d’intérêt, comme un bon roman en sachant pourtant que tout est vrai. C’est le cas de Manara, un autoportrait Grandeur Nature, somme passionnante, émouvante, sur un auteur que l’on catalogue trop facilement et qui en fait a créé, une œuvre, un style unique, inimitable. Du Milo Manara, cela se reconnait d’un seul coup d’œil. Il aurait pu être sculpteur, architecte mais a été foudroyé par Forest et sa Barbarella, Pratt ensuite. La suite on la découvre, on la pressent dans ce bouquin de 224 pages qu’on le lâche pas du début à la fin. Un beau cadeau de fin d’année.

Autoportrait

Une enfance calme, la BD interdite à la maison, mais la passion du dessin, un bac Beaux-Arts et un coup de chance, des études et puis il largue les amarres à 20 ans. Mino Milani le coache, L’Histoire de France en BD et La parole au jury, nuits et notes rebelles à Milan, et Pratt rencontré à Lucques en 69 devenu un proche. Camping car dans toute l’Europe avant la mode, Manara raccompagne Pratt à Paris. Début de virées mémorables. Un mariage d’amour avec Luisa. La France avec Larousse, A Suivre, Charlie Mensuel, un hommage à Louise Brook, un voyage en Inde et Pratt encore.

Une vie foisonnante, d’une extrême richesse créatrice, Manara va jusqu’au confinement de 2020. Illustrations, photos privées, Fellini est là aussi.1983 Le Déclic, on n’oubliera pas avec Pratt L’Été indien, ni Giuseppe Bergman et qui vient de sortir Le Feu aux entrailles sur un scénario d’Almodovar que Manara illustre à postériori. Une édifiante histoire où les Madrilènes deviennent ivres de sensualité et un dessin toujours aussi superbe. On dira que Manara est un prince qui aurait dû, pu reprendre Corto Maltese. Pratt le lui avait dit, confie-t-il, mais le destin ne l’a pas voulu. Dommage.

Manara Grandeur nature, Autoportrait, Glénat, 25 €
Le Feu aux entrailles, Glénat, 19,50 €

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