Il y a peu, on a parlé des Cahiers Beaudelaire signés par Yslaire dans le cadre de ce qui sera l’album hommage pour le bicentenaire de la naissance de l’écrivain. Dupuis récidive avec ce qui semble devenir un genre à part entière, pré-publié en plusieurs cahiers enrichis un album. Cette fois, on va parler des Cahiers Madeleine. Madeleine Riffaud est une grande figure discrète de la Résistance qui ne parlera pas de son passé avant 1994 convaincue par Raymond Aubrac de le faire enfin. Madeleine Riffaud sera correspondante de guerre, couvrira l’Algérie et le Vietnam, proches du parti communiste et de son journal L’Humanité. Femme de cœur, de conviction, de courage, sa vie va donc être mise en images par Dominique Bertail au dessin et Jean-David Morvan au scénario. Un personnage rare, entier qui a, comme elle dit dans la préface des Cahiers « toujours cherché la vérité sans être un symbole » et qui a découvert que « la BD était un véhicule puissant de l’imaginaire ».
Années 30 dans la Somme, Madeleine enfant va rapidement être confrontée aux conséquences dramatiques de la Grande Guerre. En 1939, cette jeune fille est consciente que la paix s’éloigne. Elle va apprendre à conduire. Cela l’aidera avec sa famille pour fuir les troupes allemandes pendant l’exode. Complice de son grand-père adoré, elle subit les mitraillages sur les routes, les morts qui jonchent les fossés. Et se trouve pour la première fois face à ses ennemis, ces soldats allemands qui l’humilient. Ce qu’elle n’acceptera pas, décidée désormais à résister quoiqu’il advienne, méprisant toute forme de collaboration.
Un premier cahier indispensable, qui met en place le destin de Madeleine, combattante sans appel, qui se forge un caractère en acier trempé qui lui servira bientôt à survivre. On est totalement pris par ces pages que Dominique Bertail a façonné de son trait, puissant, évocateur, persuasif. On se doute que travailler avec Madeleine Riffaud n’a pas dû être toujours simple. Femme sans concession, honnête et convaincue, sa vie parle pour elle. Morvan et Bertail ont su se faire adopter. Elles les a reconnus, elle le dit, et on le sent au fil des pages dans lesquelles son visage est empreint d’un détermination qui ne la quittera jamais. A suivre avec, dans le cahier 2, sa résistance active, armée pendant la Libération de Paris. On y ajoute une mise en page et une maquette qui font de ces cahiers des objets superbes. La jaquette raconte en dessin les premiers contacts entre Madeleine et les auteurs.
Madeleine, cahiers 1, Dupuis, 15,95 €
Bonjour,
Reste le problème du prix, qui est en comparaison d’un album classique (ici 26 planches, couverture souple), au tarif fort.