Un bel album, un chef d’œuvre signé Macherot, Chaminou et le Khrompire a rejoint la collection 50/60 des éditions Niffle. Après Franquin et La Mauvaise Tête ou Tillieux et La Voiture Immergée, Macherot vient s’inscrire à juste titre au générique.
Après Chlorophylle qu’il a signé pendant dix ans pour Tintin, Macherot se lance dans une nouvelle série dont le héros est un chat détective. Mais cette fois Macherot crée des personnages beaucoup plus proches d’un univers adulte que de celui des lecteurs habituels du journal. Chaminou ne fait pas vraiment dans la dentelle. Le méchant, un gouverneur, est un loup qui aime la chair fraiche, un carnivore. L’environnement dans lequel va enquêter Chaminou, monocle à l’œil, et flanqué par Pépin, son copain souris, est dur. Le Khrompire est le tueur de cette histoire avec flics et publicité qui règne en maître.
On s’y replonge avec plaisir dans cette aventure en noir et blanc restaurée comme à chaque fois dans la collection. Macherot avait publié Chaminou en 1964 dans Spirou. L’album n’a pas pris une ride aujourd’hui, toujours actuel par l’intrigue. Hugues Dayez commente les pages découpées en demi-planche avec talent et passion. En prime, un bel objet que l’on feuillette avec plaisir.
Chaminou et le Khrompire, Collection 50/60, Niffle, 28 €
Une BD de génie, qui m’a ravi quand j’étais enfant, et que j’admire encore davantage maintenant, de l’orchestrateur le plus doué des luttes sans merci pour le pouvoir et des coups d’Etat joués, l’air de rien, par de mignons petits animaux de nos campagnes. Le distingué gouverneur Crunchblott y est le vrai méchant, mais contrairement à Anthracite (Chlorophylle) et Anathème (Sibylline), il ne cherche pas à renverser directement le pouvoir du roi Léon XXXVIII. Signe que cette création de l’immense Macherot se prête mieux, dès cet album, à la dérision et à la parodie (à preuve, déjà, la stupide secrétaire infatuée Zonzon, les déguisements de fantaisie du gouverneur et de son valet Placide) ? On le constatera à un haut degré dans « La peur du loup », mais cette suite, ou plutôt cette déclinaison, est d’une qualité bien faible.