George Sand a-t-elle l’image qu’elle mérite ? On a en a fait souvent un personnage sulfureux alors que celui qu’elle revendiquait, hormis son statut d’auteure, était d’une femme libre qui avait eu tant de mal à assurer son indépendance face à une famille où se sont heurtés tous les préjugés sociaux de l’époque. Chantal Van Den Heuven rebat les cartes, lui redonne son vrai visage, avec un soin du détail bouleversant. George Sang est l’égale des plus grands qui l’aimeront, au minimum seront ses proches. Le tout sur fond de paysages campagnards, au domaine de Nohant, qui seront ses sources d’inspiration dans un monde qui cavale vers une révolution cette fois industrielle. Nina Jacqmin en a dessiné les contours, avec un trait riche en émotions, perspicace et fin, subtil et évocateur de tous les conflits qu’a pu vivre George Sand. Chantal Van Den Heuven et Nina Jacqmin s’étaient déjà intéressées avec brio à une autre grande dame de la littérature, Agatha Christie.
Si il y a bien un trait de caractère qui caractérise George Sand, c’est bien sa volonté de fer. Et elle gagnera le procès qui lui permettra de récupérer ses biens dont son domaine de Nohant face à un mari tyrannique et dépensier. Au passage elle tombera amoureuse de l’avocat qui en a fait désormais une femme libre. Mais pour en arriver là, en 1836, George a d’abord était Aurore Lucile Dupin de Francueil et débarque enfant à Nohant en 1808 chez sa fortunée e noble grand-mère. Elle revient de Madrid où sa mère, fille d’oiseleur, est aller chercher son père officier de l’Empereur. Aurore est donc le fruit de ce qu’à l’époque on qualifie de mésalliance, ce qui va la suivre toute sa vie, prise entre deux mondes qui vont tenter de la séduire. Sa Bonne-Maman va la joue en finesse et dégager la belle-fille via Paris à coup de pensions financières. Et garder, éduquer Aurore qui a quand même un sale caractère. Elle file au couvent où on va lui apprendre à vivre et à prier. Mais Aurore adore lire, comprend, se met à porter culotte pour aller accompagner le médecin du coin chez ses patients. Ce qui va ajouter à ses envies de libertés sociales, se battre contre les injustices.
Ensuite il y aura bien sûr l’écriture, le pseudonyme masculin pour mieux réussir, les Hugo, Delacroix, Musset bien sûr, Chopin évidemment, Litz, Flaubert ou Balzac. Pas mal d’être reçue comme égale par ces braves gens et plus si affinités. Elle va défendre les femmes, se battre contre la mariage esclavage, s’engage politiquement dès la révolution de 1848. Mais c’est son Berry, Nohant qui va l’inspirer comme le montre Chantal Van Den Heuven. La Mare au diable, Consuelo, Sand est une des plus grandes femmes de lettres françaises, atypique, hors du commun et captivante que cet album restitue dans toute à la fois sa simplicité, son courage et sa détermination.
George Sand, Ma vie à Nohant, Glénat en partenariat avec Le Centre des Monuments Nationaux, 18 €
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