Ils ont osé l’aventure. Valérian a cinquante ans, un bel âge, un film signé par Luc Besson, quelques publications diverses et un nouveau Valérian par… après celui de Manu Larcenet. Aux manettes spatio-temporelles, un duo qui pour la première fois travaille et créée ensemble. Pour le scénario on ne présente plus Wilfrid Lupano, des Vieux Fourneaux aux Communardes, ni au dessin Mathieu Lauffray de Long John Silver à Axis Mundi. Un défi quoiqu’il en soit pour deux des étoiles du firmament BD actuel, car on ne marche pas sans risques sur les traces de Christin et Mézières. Mais voila, le résultat est là, brillant, décontracté, savoureux et décomplexé tout en conservant la ligne directrice de la série mère avec des chemins de traverse savoureux. Et puis il y a le dessin de Mathieu Lauffray, bien loin des mondes plutôt noirs auxquels il nous a habitué. Ils se sont lâchés Lupano et Lauffray, parfait duo complice, mais pas n’importe comment, avec tact et en finesse, frôlant parfois la farce mais toujours avec un humour redoutable. Attention, alerte aux Shingouz.
Les paradis fiscaux il y en a aussi dans la galaxie avec des milliards qui se baladent. Mais c’est un robot qui a la clé du coffre des serveurs Walou et Fortunass. Son nom, Mr Zi-Pone, une sacrée tête qui aime la pêche à la ligne, surtout des Qwanthons qui valent une fortune. C’est lui que Valérian et Laureline ont pour mission d’arrêter. Mr Zi-Pone va trouver le point faible des deux agents, leur salaire médiocre et leur retraite faiblarde. Il y aurait moyen de s’arranger. Mais il va y avoir un léger imprévu et on va y perdre la tête. Monsieur Albert a ouvert la chasse aux Shingouz qui ont tout simplement paumé aux cartes le titre de propriété de la Terre. C’est un vilain, Sha-Oo qui a récupéré la mise et sa spécialité c’est pomper l’eau des planètes qu’il possède. Ce qui risque de faire désordre. Tout le monde va faire cause commune pour se tirer de cette situation inconfortable d’autant qu’à Galaxity le super-intendant à grosses lunettes a un peu investi à tort et à travers le fond de prévoyance de la société.
Lupano a ciselé l’histoire en lui gardant un ton bon enfant. On retrouve Monsieur Albert déjanté dans sa 4L téléporteuse, les Shingouz enrhumés ce qui n’ira pas sans conséquences, Valérian beau gosse un peu largué et une Laureline assez fatale (le coup de crayon enlevé de Laufray) qui devient la star de la galaxie. Valérian pense à la retraite et on découvre avec stupeur voire admiration où sont situées Walou et Fortunass. Il a mis plein gaz Wilfrid Lupano dans cette visite où on ne perd pas ses repères. Il a dialogué parfois façon Audiard, peaufiné le jeu de mots et Lauffray a apporté sa vision des grands espaces inter-sidéraux. On est séduit, on relit pour en tirer toutes les saveurs cachées. On aime tout simplement cette balade certes drôle mais qui ne se dissocie pas de l’univers des créateurs.
Valérian par Lupano et Lauffray, Shingouzlooz Inc., Dargaud, 13,99 €
Articles similaires