C’est comme une gourmandise attendue depuis longtemps, un baba au rhum bien nappé de chantilly, une brioche fourrée aux pralines histoire de mieux savourer les pépites qui craquent sous la dent dans une mer de patte bien beurrée. D’accord Les Vieux Fourneaux on ne les mange pas, non, on les dévore des yeux et des neurones, on les déguste page à page, on les savoure et on en reprend une tranche. Wilfrid Lupano est une vraie synthèse d’Audiard pour les mots, de San Antonio pour le fumet et, allez, de Pagnol pour le liant et la sauce. Paul Cauuet a toujours ce trait élégant avec un petit côté Disney recyclé par son talent de dessinateur. Le duo est imparable une fois encore. Avec ce tome 4, La magicienne, les papis sont toujours d’une façon ou d’une autre en résistance active mais pas obligatoirement du même côté de la barrière. Et puis la jeunette, Sophie, a des émois cardiaques, touchée par la flèche de Cupidon. Tout bouge dans la cambrousse.
Elle a fini sa tournée Sophie et Le Loup en slip va rentrer à la ferme dont le toit se fait la malle. Et pour trouver un couvreur faut se lever tôt. Dans le village on a ouvert les paris sur le nom du type qui a fait sa Juliette à Sophie. Pas un mot sur le géniteur ne lui a jamais échappé. Autre détail qui va avoir son importance, les travaux de la ZAD, style aéroport de Notre-Dame-des-Landes, sont bloqués. Pourquoi ? A cause de la magicienne. Non pas Mélusine ou la fée du Lac mais une sauterelle rarissime qui pond ses larves dans la zone. Antoine n’est pas content car pour lui ça bloque la reprise économique de ne pas pouvoir coller une usine dans le pré. Étonnant l’Antoine et quand les Zadistes écolos, anars, enfin quoi les azimutés du bocal qui veulent sauver la bestiole débarquent il y a parmi eux un beau brun, Vasco. Il fait craquer Sophie qui se prend pour Eve si il veut bien jouer à Adam. En plus Pierrot et sa bande déboulent pour aider les trublions anti-ZAD. Panique à bord et intérêts divergents mais aussi monétaires. Manquerait plus que Mimile ait des faiblesses pour une donzelle du coin. Un vrai boxon on vous dit.
Piratage informatique, des zombies dégommés à coup de tomates, et puis les dialogues. Il ose tout Lupano. Il est fou Lupano. « Elle nous emmerde la magicienne dentelée qui a qu’à aller se faire cloner le fion dans le champ d’à côté ». Gimauve frombze, traduction ? Phonétiquement en patois rural, Game of thrones, c’est dans le texte. La nouvelle médecin est roumaine. Bonjour le désert médical. Berthe se paye un coupé sports. Du délire mais si drôle, si humain et si maîtrisé mine de rien par Lupano et Cauuet qu’on en reste baba, bien sûr. Un plaisir à nul autre pareil cette série, intelligente, fine et enlevée. On se régale.
Les Vieux Fourneaux, Tome 4, La magicienne, Éditions Dargaud, 11,99 €
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