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Interview : Avec Ducoudray et Armand, Luc Brunschwig a bien réinventé Bob Morane

Bob Morane est de retour après une si longue absence. Le fils naturel d’Henri Vernes a repris du service. Finie la collection Marabout, les couvertures de Joubert ou les dessins de Vance, Attanasio, Forton ou Coria. Luc Brunschwig et Aurélien Ducoudray ont revisité Bob Morane. Ils l’ont réinventé, modernisé, lui ont fait passer le cap du XXIe siècle. Sans oublier le dessin très fort de Dimitri Armand ( excellent dessinateur de Sykes) qui donne à Morane et à Ballantine punch et crédibilité. Pour ce premier tome, Les Terres Rares, Luc Brunschwig est revenu avec Ligne Claire sur les origines de cette reprise qui fait mouche.

Luc Brunschwig sur les quais de Seine. JLT ®

Luc Brunschwig, comment s’est monté le projet de reprise de Bob Morane ?

Au départ Christophe Bec avait été contacté pour une relance du personnage de Bob Morane au Lombard. Il aurait dessiné l’album et il cherchait des scénaristes. Mon nom a été évoqué. Christophe m’a contacté. J’étais assez surpris car Bob Morane ce n’est pas ma culture. J’ai réfléchi puis j’ai envisagé ce que j’aurais envie de faire avec ce sujet. Je voulais distraire avec le fond, comprendre et coller à l’histoire contemporaine. Mais je ne voyais pas trop comment.

Qu’avez vous alors proposé ?

J’ai dit à Christophe Bec que le cadre de cette reprise devait être le monde d’aujourd’hui. Je ne voulais pas faire du « vintage ». J’ai contacté le directeur éditorial du Lombard et lui ai tenu le même discours. On ne figeait pas les lignes et on avait un environnement géopolitique moderne. Bob Morane devait s’inscrire dans la modernité.

Vous avez travaillé le scénario à deux, ce qui devient fréquent en BD. On peut citer Léo et Rodolphe.

J’ai voulu quelqu’un à mes côtés pour le scénario. Je préfère et de plus cela permet de poursuivre plus facilement si besoin dans le cas de l’arrêt de l’un des deux. On a donc associé Aurélien Ducoudray à Bob Morane. Notre histoire était de montrer comment Bob Morane devient un aventurier. C’est le but des deux premiers albums.

Pourquoi ces débuts africains ?

L’Afrique est une passion pour Aurélien Ducoudray qui en a une vue très journalistique. La France a toujours une place et un rôle politique en Afrique. Le lieutenant Bob Morane, officier parachutiste, participe à une mission ONU au Nigeria et intervient sans ordre pour sauver la vie d’un homme politique. Ce qui lui vaut d’être devant un tribunal militaire. On a réfléchi aussi au passé des personnages d’Henri Vernes, les réinscrire dans un monde contemporain. Bob Morane chez Vernes est un pilote de chasse de la seconde guerre mondiale qui ressemble pas mal à Pierre Closterman. On a repris le personnage de la journaliste, Sophia Zukor, américaine cette fois, qui va suivre Morane. Bill Ballantine qui a aidé Morane au Nigeria a été puni et emprisonné par les autorités britanniques.

Le destin de Bob Morane devient effectivement très politique dans ce premier album. Il y a aussi un environnement de manipulation technologique avec des casques qui dictent une pensée unique ?

Bob Morane fait la Une

C’est provisoire. Celui qu’il a sauvé devient président du Nigeria et prend Morane comme conseiller spécial. En plus Morane tombe amoureux de sa fille Beaky. Mais dans le tome 2 ils seront séparés. On aime bien cela avec Aurélien de séparer les gens (Rires). Pour Ballantine on attendra le tome 3 pour des retrouvailles car Bob va le sauver en Ukraine mais chut. Pour les casques, oui, c’est un grande compagnie qui fabrique des prothèses révolutionnaires et ces casques capables de transmettre le savoir en un clin d’œil. Ou autre chose. Il y aussi un minerai très spécial. Le slogan des terroristes est « vous ne nous volerez pas notre histoire ». Ce n’est pas neutre. On va voir aussi apparaître un personnage mythique de l’univers de Bob Morane, Tania Orloff, parente avec l’Ombre Jaune.

Le tome 2 va clôturer en fait un diptyque de mise en place ?

Oui, pour l’instant on termine le 2 mais on a les grandes lignes jusqu’au tome 8. Un cycle 3 pourrait avoir la Chine pour cadre grâce au retour de l’Ombre Jaune.

Comment avez-vous fonctionné avec Aurélien et quels ont été vos rapports avec Henri Vernes ?

Avec Aurélien on écrit l’histoire ensemble. On fait des rushes, Aurélien signe les dialogues. On reprend le tout, je découpe et je mets en scène. A deux, ça fuse les idées. On débloque sans problème les situations.Quant à Henri Vernes il a été concerné par toutes les étapes du projet.

Bob Morane est en marche. Quoi d’autre parmi vos travaux ?

Je suis sur le tome 4 de Holmes chez Futuropolis. On va en savoir plus sur la mère de Sherlock Holmes qui a été infirmière pendant la guerre de Crimée. J’ai aussi Urban, la suite du cycle 2 du Pouvoir des Innocents. Et un XIII Mystery chez Dargaud avec Olivier TaDuc, Jonathan Fly pour 2017.

Bob Morane, Renaissance, Tome 1, Les Terres rares, Le Lombard, 13,99 €

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