La sortie du film Valérian est l’évènement de cet été, signé par Luc Besson, et rare programmation française estivale parmi la kyrielle de sorties US. Faire un film à partir des aventures de Valérian et Laureline était un serpent de mer. Et puis, voilà, c’est fait. On va aller le voir avec intérêt et sympathie. Les héros de Christin et Mézières sont de vieux complices qui ont accompagné tout au long de leur vie des générations de lecteurs. Ce qui est le plus amusant et bon signe, c’est qu’on peut tomber sur de futurs spectateurs qui parlent de Valérian sans savoir la filiation avec la BD. Oui, cela existe, on en a rencontré. Il y aura donc plusieurs publics dans les salles obscures le 26 juillet. Tant mieux. Mais avant cette sortie voici un texte d’archives sur la « fin » de Valérian avec L’Ouvre Temps. Depuis il y a eu quand même une suite à Valérian qui n’a pas pris finalement de longues vacances. Un second tome d’histoires courtes est prévu bientôt. 2017 sera donc l’année Valérian avec aussi un album Valérian par Lupano et Lauffray. J-L. TRUC
Valérian et Laureline formaient le couple mythique de la science-fiction en BD. Mézières et Christin signent leur ultime aventure au moins en album. Un sacré pincement au cœur, voilà ce que les « vieux » compagnons de route, ceux des débuts dans Pilote au milieu des années soixante, ressentent à la vue du mot fin des fins qui ponctue l’ultime case de l’Ouvre Temps (Dargaud), dernier album de la série Valérian qui vient de sortir, le vingt-deuxième de la série.
Mais pour le dessinateur Jean-Claude Mézières et son éternel complice Pierre Christin, « on ressent le syndrome de la femme enceinte, le bébé est enfin posé dans le berceau ». Un soulagement pour Mézières qui, depuis trois ans, planchait sur l’album : « On savait que cet album serait le dernier et bouclerait les aventures spatio-temporelles de Laureline et Valérian. Ils ont été avec nous des précurseurs qui ont ouvert la porte de la science-fiction à des jeunes lecteurs pas familiarisés avec le genre à l’époque. Et à bien d’autres auteurs. » Alors, pour cet album, l’Ouvre Temps, Mézières et Christin se sont offert une apothéose en forme de rappel de tous les personnages qui ont scandé les aventures des 22 albums. Un final à l’italienne dans la tradition des grands opéras, gentils, méchants, improbables créatures qui ont fait rêver, sourire ou angoisser les lecteurs. Mais quand même une porte entre-baillée vers d’autres horizons à découvrir.
« Il fallait que je passe à autre chose, que je recharge les batteries » s’empresse d’ajouter Mézières qui renchérit : « On ne dit pas avec Christin que nous abandonnons Valérian mais, à 70 ans, j’ai d’autres envies d’expériences comme sortir du cadre de la BD, passer à l’illustration, expérimenter d’autres formes de récit. » C’est vrai que Pierre Christin, scénariste de la série, a écrit pour Mézières, pour son style. « Nous avons trouvé le bon équilibre entre Valérian et Laureline, premier héros féminin qui se soit imposé en BD. Christin me sert des plats et je me régale de les réaliser graphiquement. » Et c’est vrai que Valérian a été un laboratoire extraordinaire où certains n’ont pas hésité à aller se servir. Alors quel avenir pour Valérian et Laureline ? « Sûrement pas de déclinaison à partir des personnages secondaires, tous sont trop solidaires, l’ensemble est trop cohérent », affirme Mézières. Et les lecteurs, eux, comment vont-ils vivre cette fin ? « Il faut savoir arrêter une série, ne pas tirer à la ligne, le lecteur n’est pas dupe », ajoute en souriant Mézières.
Une exposition à la galerie des Gobelins à Paris, un voyage à Tokyo et une tournée dans dix grandes villes, Mézières et Christin vont accompagner leur dernier bébé mais ne prennent pas, bien sûr, pour autant leur retraite.
Valérian, T21 L’Ouvre Temps, Dargaud, 12 €
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