La Guerre d’Espagne est la toile de fond de l’album de Bruno Loth, un sujet qu’il connaît bien et qu’il a traité dans sa série Ermo. Pourquoi Marie se fait-elle appeler au crépuscule de sa vie, Dolorès, et se met-elle à parler espagnol ? Ses filles, plus particulièrement Nathalie, vont essayer de comprendre et quels liens pourrait avoir leur mère avec la guerre civile qui a ravagé l’Espagne pendant plus de trois ans jusqu’en 1939 et la fuite des Républicains vers la France.
Marie, dans sa maison de retraite, semble perdre la tête. Elle baragouine l’Espagnol et se fait appeler Dolorès. Nathalie, sa fille, en arrive à douter que sa mère soit orpheline comme on le pensait. D’où vient vraiment Marie, trouvée enfant en mer par un pécheur et pensionnaire d’un orphelinat jusqu’à l’âge de 22 ans ? Nathalie a des contacts avec des descendants de réfugiés qui ont quitté leur pays pendant la Retirada en 1939 et sont passés en France. Sans savoir vraiment vers quoi elle s’embarque, elle part pour Madrid où elle recueille des témoignages mais aussi apprend ce qu’a été la dictature franquiste au moment même où Podemos et Ahora Madrid révolutionne le paysage politique espagnol.
Il n’était pas évident de passer par la case départ de la Guerre d’Espagne pour tracer le cadre de l’évolution du pays jusqu’à nos jours. On peut avoir l’impression de rester sur sa faim quant à l’histoire de Marie qui est finalement un trait d’union. On découvre par contre une rétrospective bien faite et des faits méconnus sur la guerre comme la fuite d’Alicante ou la dernière bataille de Madrid. Bruno Loth réussit à relier passé et présent. La Guerre d’Espagne restera comme un évènement majeur du XXe siècle, précurseur de la seconde guerre mondiale, le refus des démocraties européennes de regarder en face et d’affronter les fascismes quand elles le pouvaient encore. Et pour le peuple espagnol une épreuve terrible dont les traces ne sont pas encore effacées.
Dolorès, La Boîte à bulles, 18 €
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