Serge Le Tendre signe l’adaptation du roman best-seller de David Khara. Le Projet Bleiberg est dans la lignée de ces polars ou thrillers historiques dont l’Anglais Philippe Kerr s’est fait une spécialité avec les aventures de son flic Bernie Gunther dans une Allemagne nazie détaillée avec soins. On est cette fois encore en Allemagne dans les années quarante avec un projet de surhomme qui va rattraper de nos jours un jeune trader américain. Avec la trilogie de Khara, auteur français, on avait tous les ingrédients nécessaires à une bonne série BD. Serge Le Tendre est un maître scénariste qui en a assuré une excellente transcription. Frédéric Peynet a du métier et du talent, un dessin à la fois clair et perspicace, d’excellents cadrages. Ce Projet Bleiberg devrait se classer parmi les bons titres de l’année.
Jeremy Corbin est un joyeux dilettante qui accidentellement tue un enfant. Dès lors sa vie de trader est brisée et quand un beau matin on lui apprend que son père, général de l’Air Force, est décédé il n’en fait pas une maladie. Son père l’a abandonné avec sa mère qui lui confie un pendentif ancien sans explications. Corbin découvre qu’il contient une clé à motif de croix gammée. En 1924 les envoyés d’un consortium propose à Hitler emprisonné après sa tentative de putsch un accord financier qui lui permettra de prendre le pouvoir à conditions de se lancer dans des recherches médicales sans regarder aux conséquences. De nos jours aux USA Corbin, alors que sa mère meurt à son tour de façon suspecte, se confie à son mentor et patron, Bernard Dean qui lui avoue qu’il est un agent de la CIA et était un ami de son père. La clé qu’il détient peut ouvrir un coffre en Suisse. Dean le met sous la protection d’une jeune femme, Jacqueline Walls, mais aussi sous celle d’un agent du Mossad, Eytan, très efficace. Ce qui n’empêche pas des tueurs de tenter de l’abattre alors qu’une mystérieuse épidémie sévit au Mexique qui pourrait bien annoncer un complot mondial.
Tout se met en place dans ce premier tome et le jeune ingénu va se montrer plus coriace que prévu. On découvre qui est le professeur Bleiberg disciple d’un Mengele, autre savant monstrueux du nazisme. Il y a aussi, malgré le sérieux et l’horreur du sujet , de l’humour dans ce thriller que David Khara a bien façonné, on le sait, pour ceux qui ont lu ses romans. Le dessin est vraiment séduisant et s’associe en douceur avec l’action permanente du récit. Les couleurs directes de Peynet sont aussi importantes dans cette réussite. A noter qu’il avait déjà dessiné Les Vestiges de l’aube du même Khara scénarisé aussi par Le Tendre.
Le Projet Bleiberg, Tome 1, Les Fantômes du passé, Dargaud, 13,99 €
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