On a retrouvé avec plaisir un compagnon de route depuis la fin du siècle dernier et du début des années 2000. Hugues Labiano vient de sortir avec Desberg le premier tome d’une trilogie chez Dargaud, Le Lion de Judah. On y voit toute la talent de créateur d’ambiances de Labiano, un trait qui donne au texte toute sa force sur un découpage impressionnant de clarté. Mais bien avant ce lion, il y a eu d’autres rencontres, Dixie Road, Mister George, Black Op, des chroniques parues dans Midi Libre à l’époque. En voici une sélection pas à pas, depuis une rencontre avec Labiano et Dufaux à la fin du XXe siècle pour Dixie. ligneclaire va publier une interview d’Hugues Labiano à l’occasion de la sortie du Lion de Judah. A suivre sous peu.
Black Op tome 3
Hugues Labiano est l’un de ces auteurs dont on savait, dès le début, qu’il ne pourrait que progresser, touchant à tous les genres avec talent. Il sera vendredi 26 mai, à la Fnac, pour dédicacer le tome 3, dernier opus en date de la série qu’il signe avec l’un des plus prolifiques scénaristes actuels, Stephen Desberg. Vrai thriller bien concocté qui flirte avec l’espionnage, la guerre froide, la mafia russe et la CIA réunis, Black Op a tous les ingrédients savoureux des bonnes recettes. Mais Hugues Labiano, comme il avait su le faire déjà pour Dixie Road ou Mister Georges, s’est totalement approprié le destin du héros, Floyd Whitman, qui a repris le flambeau familial après la mort de son père, agent de la CIA. Et c’est la montée en puissance de Floyd, capable de s’allier avec le diable, que Labiano a mise en images sur la musique écrite par Desberg. Le destin de Floyd au fil des ans ne sera pas non plus des plus calmes. Face à la mafia russe, dont la CIA a favorisé l’implantation aux USA, il faut aujourd’hui faire appel à l’ennemi héréditaire, des ex-agents du KGB, pour faire le ménage. Labiano découpe ses planches, ses plans avec de plus en plus d’efficacité. Son dessin a désormais la puissance et le poids des meilleurs.
Black Op, Tome 3, Dargaud, 14,50 €
Black Op tome 4
Labiano était dernièrement à la Fnac de Montpellier. Avec le tome 4 de sa série Black Op (Dargaud), le Toulousain surfe sur un genre qui a le goût savoureux du thriller et de la politique-fiction. Sur un scénario de Desberg, Hugues Labiano a mis son dessin au service de son héros, Floyd Whitman, un agent qui s’est engagé dans la CIA après la mort de son père tué par les Soviétiques. Et pour se venger, le jeune Floyd va devenir l’un des plus actifs espions, dont la mission sera de déstabiliser l’Union Soviétique en aidant la mafia russe à noyauter le système. En réussissant au-delà de toutes espérances, Floyd et son équipe vont en fait se retrouver avec un sacré problème sur les bras quand implose l’URSS. La mafia toute puissante va s’expatrier et devenir un ennemi redoutable sur le sol même des États-Unis. Dernier témoin des manigances de ses supérieurs, Floyd devient l’homme à abattre. Avec une maîtrise excellente du découpage et du cadrage, qui donne à sa BD un ton sûr et prenant, Labiano, dont on avait aimé dès ses débuts Matador ou, avec Dufaux, Dixie Road, sans oublier l’inquiétant Mister George, affirme avec Black Op sa capacité à traiter tous les genres. Il a, en prime, des ambitions d’auteur complet dont le Sahara pourrait être l’inspiration. Quand il aura terminé le tome six de Black Op.
Black Op, Tome 4, Dargaud, 14,50 €
Les Quatre coins du monde tome 1
Il y est arrivé. Et avec quel talent. Hugues Labiano rêvait depuis longtemps de prendre le Sahara pour héros. Et avec les sables rouges, ces hommes qui au début du siècle ont fait vivre l’épopée méhariste qui donnera un père De Foucault ou un Laperrine. Labiano va tracer des portraits d’hommes, européens ou Touaregs, qui vont aller au bout de leurs passions dans un univers sans pitié où la moindre faute est mortelle. On y parle de passion effectivement, celle pour un monde qui disparaîtra en partie mais pas vraiment vaincu il n’y a que peu par l’avion ou le 4X4. A cette époque, en 1913, il y a encore des razzias, des combats que mènent les compagnies méharistes en partant des mois à dos de chameaux. On y découvre le légendaire Barentin et un jeune officier qui a tout à apprendre et tombera, lui-aussi, sous le charme des dunes pour aller au baroud, au combat. Ils seront pris au piège de leur parole donnée, déjà, à des populations nomades et leur devoir pour la France. Mais ils deviendront des légendes du sud saharien. Labiano, après Black Op signe avec ce premier tome sa série la plus personnelle dont on sent tout l’attachement qu’il lui porte.
Les Quatre coins du monde, Tome 1, Dargaud, 15 €
Les Quatre coins du monde tome 2
La passion de Labiano s’est complètement focalisée sur le Sahara, sur une conquête et des hommes qui au début du XXe siècle lui ont tout donné, tout sacrifié. Ils étaient officiers méharistes et on les retrouve dans le tome II des Quatre coins du Monde au jour même de la déclaration de guerre de 14. Le lieutenant Dupuy va quitter sa compagnie méhariste, les dunes du Sahara pour les tranchées de l’Argonne. Il sera suivi par ses Touaregs et va se battre avec celui qui sera son gourou en quelque sorte, celui qui va lui faire aimer à la folie le Sahara, le capitaine Barentin, flanqué d’Afellan qui le protégera. C’est une autre guerre à laquelle ils vont être confrontés loin de leurs raids à méhari, sous le soleil de plomb du Sahara, de sa somptueuse beauté. Dupuy sauvera sa peau et repartira. Mais il lui faudra retrouver son mentor, Barentin, disparu dans un raid. Une épopée qui a du souffle, de la force et une grande pureté. Labiano a le dessin qu’il fallait pour l’évoquer. Hugues Labiano a su aussi écrire une belle et émouvante histoire d’hommes hors du temps.
Les Quatre coins du monde, Tome 2, Dargaud, 15 €
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