C’est l’histoire d’une tragédie sans pareille. Une expédition navale de la Royal Navy, partie en 1845 pour trouver un nouveau passage vers les Indes va aller s’échouer dans les glaces du Grand Nord et tous les membres d’équipages mourront dans des conditions atroces, à bord ou en tentant de rejoindre la civilisation sur la banquise. Franklin, c’est aussi l’obsession d’un homme qui croit à sa destinée et à sa future gloire car persuadé de réussir. A tout prix, avec en prime son épouse qui est sûr que l’on ira à son secours si besoin. Même si Franklin était un navigateur polaire reconnu, il s’est trompé. Michel Durand, ex-montpelliérain, après son excellent déjà maritime Ambre Gris, ou Van Gogh, est à la barre de cette tragédie des mers glacées. Une balade émouvante et sans retour qui prend aux tripes.
Dans ses cauchemars prisonnier des glaces, le commandant Franklin pense à son épouse Lady Jane. En mai 1845 il lui montrait fièrement le HMS Erebus et le HMS Terror qui vont partir pour l’Antarctique. Son épouse a pesé sur les décisions de l’amirauté. Il faut trouver le passage du Nord-Ouest qui permettrait de rejoindre les Indes plus vite. Des navires faits pour la glace aux coques renforcées, 134 hommes aguerris, un four énorme et la machine d’une locomotive comme moteur pour l’Erebus. Le Terror est commandé par le capitaine Fitzjames dont le chirurgien a des doutes sur la qualité des conserves qui pourraient s’avérer dangereuses car mal serties. A bord du Erebus le prix à payer sera lourd car le plomb qui a fondu dans les conserves a aussi empoisonné l’équipage et ajouté sa part de mort à la tragédie.
Les années vont passer, l’Angleterre sera émue, enverra des expéditions poussée par Lady Jane qui finira par trouver des traces mais pas de survivants bien sûr. On retrouvera les navires coulés 170 ans après en 2014 et 2016. La clé de l’énigme est enfin là. Ce qui n’explique pas pourquoi en fait ils ont coulés, intacts. Franklin avait remplacé Ross sur L’Erebus. Un Franklin a la carrière en dents de scie mais qui connaît bien le Grand Nord. Anthropophagie, fuite éperdue d’une partie de l’équipage sur la glace, seule Lady Jane s’accrochera au souvenir de son mari. Des mystères subsistent cependant encore. Et le passage trouvé bien plus tard sera inexploitable. Michel Durand a signé un récit très fort avec tout le talent qu’on lui sait, où les hommes sont prêts à tout pour survivre.
Franklin, Les Prisonniers de l’Arctique, Glénat, 15,50 €
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