Pas évident d’arriver à raconter avec humour la vie de quelques-uns des plus tordus des personnages de l’Histoire. C’est pourtant le défi que s’est imposé non seulement Dupuis mais aussi les auteurs de cette série hors normes qui a au moins l’avantage de n’avoir que l’embarras du choix. Reste que ce qui peut dérouter, sorti de l’image d’Épinal que l’on a ces cinglés historiques, c’est souvent la complexité de leur destin. Il faut y aller en douceur, lire avec attention, pour bien assimiler leurs ambitions ou les évènements qui les ont mis plus ou moins volontairement à la fois sur le chemin du succès et du ressentiment populaire avec étiquette de jobards meurtriers. Deux grands méchants ouvrent le bal de cette collection, Caligula et Dracula. On en apprend de belles alors qu’on croyait (presque) tout savoir sur eux. Attention, tout est vrai dans ces portraits parfois caricaturaux, ce que le genre demande aussi.
Ah Caligula. Si on essaye de bien assimiler ces liens familiaux à ce personnage connu mais mal, on risque la migraine. En un mot il y a eu Auguste vers 12 av JC puis un succession de règlements de comptes divers, la mort de Germanicus qui a un fils Caius qui sera surnommé par les Légionnaires, Caligula. Le gamin a vécu en famille , voyagé. On complote à tour de toge, on trompe, on séduit les femmes des autres et Caligula est à Capri avec Tibère. Déjà tordu il adore assister aux tortures, aux exécutions. Un vrai lèche-botte qui va devenir un méchant maître. Il a deux sœurs, Drusilla et Livilla, devient l’héritier de Tibère. Qui est rapidement envoyé ad patres. Au pouvoir le Caligula et on ne va pas rigoler tous les jours. Il a des cases en moins, une libido en pleine forme et une cruauté qui aurait mérité un grand prix de l’horreur. Bon, il finira mal lui aussi mais quand on se plonge dans les détails que contient l’album, il rejoint largement Néron dans la galaxie des fous furieux de l’Empire romain. Un dossier complet est joint en fin de l’album qui est signé par Bernard Swysen et Fredman au dessin. Copieux mais passionnant et très vivant. Si l’on peut dire. Préface de Pierre Renucci.
Les Méchants de l’Histoire, Caligula, Dupuis, 13,95 €
Autre vedette, Dracula. Autre registre aussi car on est plus tard dans le temps et dans des régions moins ensoleillées. Vlad Dracula est né en Transylvanie. Son père s’est fait piquer le trône de Valachie par son demi-frère. Il le récupère mais est obligé de donner en otage Vlad au sultan. Le papa meurt assassiné, la famille en partie découpée en rondelles. De quoi lui former le caractère au jeune Vlad. Sa vengeance sera terrible d’autant qu’il a découvert comment on se servait d’un pal. Le sultan lui confie de reprendre le trône de Valachie. Bingo mais le nouveau sultan Mehmet a pris Constantinople en 1453. Vlad rencontre les meurtriers de son père et on lui demande de se battre contre les Ottomans qui grignotent la Hongrie. Il conserve la Valachie après avoir tué Vladislav l’usurpateur mais doit s’incliner face aux demandes des Turcs. Il va pas mal massacrer, empaler et surtout flanquer la trouille aux Turcs. Et ce n’est pas fini. Il va envahir, Vlad. Les Hongrois vont le sentir passer. Mehmet n’est pas content. Et il finira par perdre sa tête Dracu. Julien Solé est au dessin, un plaisir. Bernard Swysen scénarise et la préface est de Matei Cazacu. Un dossier final qui fait la part entre le Dracula historique et celui de Bram Stoker, roman et cinéma.
Les Méchants de l’Histoire, Dracula, Dupuis, 13,95 €
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