Des débuts en fanfare il y a un an pour ce Château des Animaux magnifiquement mis en images, en textes, en suspense, chronique douce-amère d’une dictature impitoyable par Xavier Dorison et Félix Delep. Autant dire qu’après en avoir parlé avec les deux auteurs et aimé le premier épisode, on attendait avec impatience le tome 2, Les marguerites de l’hiver. Et on n’a pas été déçu. Qui allait pouvoir affronter le roi Silvio, sa garde de chiens féroces, puisque les humains sont exclus (enfin presque) de ce monde qui pourrait bien ressembler de plus en plus aussi au nôtre ? Résistance passive ou armée, c’est là où il y a des leçons à tirer de cette fable, conte picaresque, animalier, un hymne à la liberté pas obligatoirement au bout des fourches. Mais voilà, le pouvoir est malin, manipulateur et prêt à tout pour justement continuer à l’exercer. Une démonstration qui va rester ouverte évidemment.
L’hiver est là et les animaux esclaves ont froid. Qui ne fait la corvée de bois ne peut en acheter pour se chauffer. C’est la loi de Silvio le taureau. Le bois est cher et manger ou se chauffer, il faut choisir pour la douce mais rebelle Miss B. D’autant que la garde canine est à l’affut des manifestations de mauvaise humeur comme taper sur un seau à l’image du président. Ce qui va agacer Silvio qui découvre sur la neige une fois de plus le symbole de la résistance. Punition, tous vont porter des colliers à grelots pour mieux être repérés. Effet contraire, on rejoint en masse le mouvement dirigé par Miss B.
On revendique, on fera grève, un sitting pourquoi pas ? Comment faire craquer le monstre et en plus les animaux ne savent pas tout. Que va-t-il se passer ? On vous laisse découvrir comment Dorison a embarqué ses animaux avec intelligence, réalisme. On sait qu’il y aura quatre tomes et on se doute que celui là est une transition. On pense aux grands mouvements sociaux, à la non violence de Luther King. Avec en tête deux questions : quand faut-il prendre les armes et comment se remplace un tyran déboulonné ? Souvent par son clone car la tentation est trop forte à moins que le peuple ne soit fort et solidaire. Le dessin est un bonheur, émouvant, capteur de tous les sentiments et les souffrances d’innocents. Ce qui n’exclut pas leur vengeance. Sacré Silvio, il a du répondant et des prédécesseurs humains, maréchal , duce, Petit père des peuples ou führer pour l’inspirer.
Le Château des Animaux, Tome 2, Les Marguerites de l’hiver, Casterman, 14,95 €
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