En flirtant avec les 50 000 exemplaires vendus par album, le premier diptyque coréen de Buck Danny Classic a montré la qualité éditoriale de cette série clone. Retour vers le Pacifique en 1945 pour Danny, Tumbler et Tuckson, le Japon a perdu la guerre. Dans Les Fantômes du Soleil Levant (Dupuis Zéphyr) qui vient de sortir des fanatiques nippons aidés par quelques nazis bon teint volent un B 29 américain chargé d’une bombe atomique, bien décidés à la larguer sur les USA. Ce texte est aussi au sommaire du mensuel ZOO du mois d’avril. Jean-Laurent TRUC.
« On est cette fois juste après le mythique album Dans les griffes du dragon noir ». Le dessinateur Jean-Michel Arroyo a changé d’environnement. « Cela n’a pas été plus compliqué que la guerre de Corée. Ce retour en arrière m’a permis de dessiner des avions que j’aime comme le B29 ou le Thunderbolt ». Avis aux fans, c’est réussi. Il n’y a pas de chronologie dans Buck Danny Classic. Les titres s’intercalent au gré des envies des scénaristes, Fred Zumbiehl et Fred Marniquet arrivé sur le tome 3, entre les albums Hubinon-Charlier de la série mère. Et c’est « génial » pour Arroyo qui n’a « surtout pas voulu copier Hubinon. Il fallait capter son humeur, son esprit, ce que j’ai fait en lisant ses albums. On ne devait pas trahir la série ».
Le résultat est là avec le succès du premier cycle et la grande confiance accordée par les ayants-droits au trio. Arroyo a encore plus affiné son trait, lui inconditionnel de Milton Caniff, Will Eisner et autres auteurs de comics des années cinquante. Le tout mélangé avec une très large dose de BD style franco-belge dont Hubinon a été l’un des maîtres.
On va aussi retrouver quelques personnages secondaires de Charlier, parfois ennemis mortels de Danny. La douce infirmière Susan Holmes qui aurait bien un petit faible pour Danny, fait un passage éclair. La très méchante espionne Miss Lee reprend elle-aussi du service. Elle sera avec Mo-Cho-Young, traitre et ex-pilote des Tigres Volants, un acteur clé des Fantômes du Soleil Levant, titre du prochain album qui sortira le 15 avril. Mais ce nom est aussi celui de la terrible organisation nippone qui ne peut accepter la défaite du Japon et monte un commando pour voler à l’Air Force un B-29 chargé d’une bombe atomique. Après Hiroshima et Nagasaki il en restait bien une, au cas où. Un scénario qui rappelle un faits-divers célèbre qui a failli mal tourner, le crash en Espagne en 1966 à Palomares d’un B-52 avec quatre bombes atomiques à bord. Elles seront récupérées en Méditerranée. L’une d’elles n’avait pas explosé que grâce à une seule sécurité de détonateur encore valide.
« Notre histoire est basée sur des faits authentiques. Il y a eu des îles perdues du Pacifique où les soldats japonais ne savaient pas que le Japon avait capitulé. Ils ont continué à vouloir se battre », ajoute Jean-Michel Arroyo. Danny va rencontrer le général Mac Arthur qui a tout fait pour préserver les institutions japonaises et se créer un nouvel allié face à l’URSS communiste. Zumbiehl et Marniquet ont parfaitement bien posé le problème ce qui vaudra au Japon de ne pas avoir le même traitement juridique que l’Allemagne.
« Traiter de l’actualité historique est dans lignée des Buck Danny de Charlier. On retrouve en plus dans ce Classic la jungle, l’esprit des premiers albums », intervient Arroyo. Danny et ses copains vont tout faire pour déjouer les plans des « Japs », surnom plus vraiment politiquement correct, qui au départ ont prévu un attentat chimique. Un général nazi en cavale va les convaincre que la bombe c’est mieux. L’opération Amerika est en marche. Rebondissements divers, Danny naufragé, une escadrille de Thunderbolts pilotés par des Mexicains (authentique), un Robinson, ce nouvel album aligne les meilleurs repères et un dessin qu’Arroyo explore encore en travaillant en détail sur son story-board : « Je passe ensuite directement à la planche. Le board est un crayonné très détaillé. J’applique cette technique depuis ce tome 3 ». Côté scénario Zumbiehl s’occupe des airs et Marniquet de l’intrigue à terre. « Ils m’ont livré le scénario d’un bloc ».
Arroyo en est déjà à la page 27 du story-board du tome 4, L’Île du diable. On devrait revoir Lady X dans le tome 5. Arroyo travaille aussi sur un scénario de Christin, un polar à Pigalle dans les années soixante, un titre à la Lautner, Le Funiculaire redescend toujours. « Je suis plus libre dans cette nouvelle aventure, un superbe roman graphique de Christin. Cela dit j’ai du mal à travailler sur deux choses à la fois », confie Arroyo. Buck Danny Classic a désormais fait ses preuves. « Oui, c’est vintage et c’est le but mais j’y ai mis ma passion pour le dessin, le trait, à la Eddy Paape, Hubinon, avec une mise en scène plus cinématographique ». Objectif atteint.
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