La préface annonce la couleur du Bistrot d’Émile. Bruno Heitz dédie son bouquin au capitaine Autheman qui navigue au large de Balarin-les-Flots. Autheman nous a quitté et avait ouvert le bal de ses œuvres, il a créé Condor, avec Le Filet de Saint-Pierre pour le terminer par un petit bijou camarguais, Au Carrefour du destin. Donc rien étonnant qu’Émile ce soit un peu son fils spirituel, dans tous les sens du terme. Un patron de café à la casquette de Corto Maltese et au rire désarmant, Émile va faire dans le bonheur, le sien et celui des autres mais attention, il pourrait bien y avoir un loup dans le troquet. Du jubilatoire qui se déguste avec ferveur et bonheur car Heitz a un joli talent. On se souvient qu’il a enlevé Pétain, enfin presque, puis Simenon, revu le Roman de Renart.
Le Café de la Fontaine n’en a plus. De fontaine, ni de patron. Il est à vendre et c’est un garçon de café bien sûr qui le reprend. Chez Émile ouvre son comptoir et offre de nouveaux horizons aux assoiffés, aux joueurs de carte, aux commerçants du coin et au pompiste. Émile c’est un cas, comme casquette d’amiral et un rire à faire péter les vitres. Un joyeux, un sympathique souriant que tous adorent. Pour l’aider il y a Toto, homme brave et à tout faire. Tout le quartier se refait une santé avec Émile. Mais le week-end, Émile ferme et part dans sa DS 19 (ou 21) allez savoir mais pour aller où ?
Il boit pas Émile sauf du chocolat et il cause, il rigole. Sauf qu’il est bien mystérieux et que le bistrot … Non, on n’en dira pas plus. Mystère et boule de gommes, cherchez la ou les femmes. Faut pas croire que tout est simple dans la vie d’Émile. La preuve, on n’en est qu’au premier volet de cette série Les Dessous de Saint-Saturnin où se passe action et contraction décontractée. Y’a des fuites à tous les étages et une enquêtrice coiffeuse qui pourrait bien être perspicace. Le dessin est savoureux, fin et bien en bouche. Heitz c’est un poète qui pourrait être l’héritier de Pagnol et pas que pour le bar de la Marine avec ses personnages d’un quotidien d’une époque où il faisait meilleur vivre.
Les Dessous de Saint-Saturnin, Tome 1, Le Bistrot d’Émile, Gallimard, 14 €
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