Voilà de quoi satisfaire les Tintinophiles mais pas que. Cette superbe version des Cigares du pharaon est à mettre dans toutes les mains, de 7 à 77 ans. Oui, c’est vrai la formule est facile mais retrouver ce chef d’œuvre mis en couleur avec toute la rigueur nécessaire est pour le moins émouvant. Ce n’est qu’en 1955 qu’Hergé refonde si l’on peut dire les Cigares parus en album en 1934 et le colorie, retouche le dessin. Désormais colorisée comme on le fait pour des vieux films la première version n’en est que plus belle car plus sincère peut-être que la seconde retravaillée dans la lignée des albums suivants.
C’est en 1932 que Tintin va aller vivre de nouvelles aventures en Orient sous le titre des Cigares du Pharaon. Philippe Goddin, grand connaisseur de Tintin et donc d’Hergé dissèque en préface sur de très nombreuses pages, le fond même de l’album. Il parle d’orientation sans faille, de fluidité de la narration, de souci d’information et de rigueur documentaire. Quant à Tintin il aura un comportement complexe et de premières manifestations de sentiments. L’actualité en toile de fond, celle souvent coloniale des années 30. Montfreid, Kessel, Albert Londres l’inspirent, lui le grand reporter qui mourra en mer dans un naufrage.
Un papyrus qui s’envole sur le pont d’un paquebot, Tintin va se trouver face à l’histoire du pharaon Kih-Oskh au curieux sceau. Tintin accusé à tort de trafic de drogue, s’échappe à Port Said entrée du Canal de Suez. Les Dupont sont là. Le désert et le tombeau de Kih-Oskh siglé, disparition et momies des savants avec places réservées pour le petit reporter et Milou. Vapeurs funestes. Erreur sur la marchandise jetée à l’eau. Rencontre avec l’excellent Oliveira da Figueira, camelot enchanté. Pas la peine d’aller plus loin, on fait que relire du connu, archi connu mais toujours avec la même joie. Et évidemment ensoleillé par les couleurs toutes neuves. Rastapapoulos, La Mecque, un éléphant charmé, la galerie de portraits, de personnages hauts en couleur ne pouvaient que se prêter à merveille à l’entreprise. On notera aussi que Philippe Goddin dévoile quelques amusantes ficelles d’Hergé. Un album qui s’impose même si il y aura bien quelques puristes de service pour y trouver à redire.
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