Un serviteur de la loi, pur et dur dans un monde décalé, une ville d’un futur mécanisé où sévissent des super-méchants, Judge Dredd revient pour un tome 4 de ses aventures édifiantes. Un registre à part car Judge Dredd est dans un avenir hors normes, qui se joue des critères habituels de ce genre de publication. A la fin des années soixante-dix, il est le leader du journal 2000 AD en Angleterre. Un must pour ceux qui ont aimé La Grande Guerre de Charlie, L’Exécuteur ou A History of violence. Sauf que Judge Dredd détonne dans le panorama tout en séduisant par ses états d’âme et les thématiques abordées, le tout dans un environnement de science fiction très prononcé mais caricatural.
Il commence par tenter de sauver son neveu, le justicier, dont il a tué le père devenu un monstre. Cruel dilemme. Pour le gamin, il faut qu’il contrôle le vilain Harry Carmen, son ennemi doué en électronique. Sinon le neveu sera découpé en tranches. Et il enchaîne à Mega City. Un juge conne lui peut appliquer sa sentence immédiatement. Un monde virtuel mais Judge Dredd est lancé à la poursuite d’un dangereux criminel qui a osé jeter un papier de bonbon sur la voie publique. Grandeur et décadence. Dans la ville, tout est axé sur le plaisir des habitants qui n’ont plus besoin de travailler. Et se rebellent, deviennent gangsters. Ils sont condamnés aux travaux forcés, un plaisir. Un juge peut se faire aider par des robots un brin débile. Comme ils ne peuvent attaquer un humain, si ils se laissent aller à le faire, Judge ou pas, ils sont condamnés.
Tout est à l’avenant dans l’univers structuré mais dénaturé de Judge Dredd. Un humour parfois noir, des situations comiques avec un non sens très british, les scénaristes de la série ont laissé galoper leur imagination. Brian Bolland, John Howard, Dave Gibbons ou Ron Smith pour les fans et les puristes amateurs du genre sont autant de références. Le dessin est écrasant de réalisme enjoué, à savoir bourré d’idées, de tentatives réussies. Avec son masque d’acier, Judge Dredd est entouré de personnages improbables captivants et de bestioles terrifiantes. Delirium poursuit son superbe travail de réhabilitation de la BD anglaise. Un album de 264 pages en noir et blanc qui se termine par une très belle galerie de couvertures.
Judge Dredd, Les affaires classées, Tome 4, Delirium, 34 €
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