Corbeyran et Le Roux poursuivent leur fresque sans concession de la Grande Guerre. Une poignée de copains du même village sont envoyés au front dans le même régiment. Chacun aura sa part du drame accroché à ses godillots, la guerre mais aussi la famille laissée au pays, la mort, les gaz dans le dernier album. Pour ce nouvel épisode on va à Verdun et à Douaumont où sont affectés les troupes coloniales indigènes comme on disait à l’époque.
Février 1916, bien après la guerre Arsène se souvient du début de la grande bataille de Verdun et son premier contact avec un tirailleur sénégalais pendant que Maurice décrit les horreurs qu’il vit par lettre à Nini qui travaille dans une usine de munitions. Arsène se méfie de ces noirs qui sont au front. Il n’en a jamais vu avant. Armand le reprend quand il parle de nègres. Arsène rencontre Mamadou avant de partir avec son escouade vers le fort de Douaumont que les Allemands veulent investir. Grièvement blessé à la jambe, Arsène est abandonné par ses copains quand il faut évacuer mais pourtant il sera sauvé par Mamadou qui le portera sur son dos.
Une histoire poignante, celle de deux hommes que la couleur de la peau sépare et qui vont devenir amis par le sang versé. Du racisme ordinaire comme il en existait à l’époque où les colonies privilégiaient un état d’esprit écrasant la population de couleur en Afrique comme au Magreb. Et quand tirailleurs sénégalais ou nord-africains, la Force noire, sont venus se battre en se faire tuer en 1914 ce sera une découverte pour beaucoup. Corbeyran montre avec une vraie justesse de ton ce qu’a pu être l’amitié fraternelle des tranchées une fois dépassé les préjugés. Très émouvant et toujours bien mis en scène par Le Roux.
14-18, Tome 5, Le colosse d’ébène (Février 1916), Delcourt, 14,50 €
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