Et si on faisait une pause histoire de prendre le temps de vivre, de ce dire qu’après tout l’indispensable c’est peu de choses. On vire le superflu et on va au devant de rencontres improbables mais pleines de bonheur. Voila en gros le scénario de Ralentir. Un hymne intelligent, courageux et tentant de Delphine Le Lay et Alexis Horellou. Un jeune cadre dynamique rencontre une baba-cool qui va lui montrer qu’on peut vivre autrement et au hasard des routes départementales se remettre en question, faire un tri. Utopiste ? Oui mais c’est d’autant plus sympathique. Le temps passe vite alors pourquoi le gâcher ?
David est un winner comme on dit. Commercial de choc on lui colle une promotion pour encore plus le faire cravacher. Crevé il prend la route pour retrouver sa petite famille et tombe sur une autostoppeuse. On est en Bretagne et il pleut. Dans une station service la jeune femme sans complexe vole des boissons obligeant David furieux à prendre la fuite. C’est pas son style au garçon. Au téléphone son patron harcèle David qui finit par se confier à sa passagère qui, elle, n’arrive pas à rester plus que quelques mois dans un job. Entre les deux c’est le jour et la nuit, pas les mêmes valeurs monsieur l’huissier. Elle lui casse son portable et ils assistent à un grave accident de voiture. Quand la route est bloquée par une inondation ils s’arrêtent dans un maison où les accueillent Jean-Pierre et Martine. Commence alors une sorte de thérapie avec un retour vers un monde où les priorités n’en sont plus vraiment.
Une fable qui comme son genre l’indique dit des choses vraies, simples mais qu’on a oubliées. D’accord cela paraît simple alors que cela ne l’est pas. On ne devient pas du jour au lendemain berger sur le Larzac ou apiculteur sur l’Aubrac, un relais amical au croisement de deux départementales bretonnes. pour voyageurs mal dans leur peau. Faut pas confondre plaisir et bonheur, c’est pas faux. Une fable donc mais réaliste, honnête. Ralentir, freiner, repartir sur autre chose, en accord avec soi-même, ne plus jouer. Un système imbécile qui à l’aube d’élections prochaines ne risque pas grand chose. Dommage. Difficile de ralentir, n’est-ce pas ? Pourtant il faut y croire ou en rêver. C’est déjà ça. Un joli trait, une mise en page qui parle et des textes intelligents, émouvants. Delphine Le Lay et Alexis Horellou ont fait du bel ouvrage après Plogoff.
Ralentir, Le Lombard, 16,45 €
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