Vincent Brugeas (Block 109) au scénario et Thomas Legrain (Sisco) au dessin se sont lancés dans un nouveau triptyque, The Regiment au Lombard. Leur sujet c’est le SAS, le Special Air Service, une unité de commandos parachutistes formée par les Anglais en 1941 en Afrique du Nord pour contrer l’avancée allemande de Rommel. Des débuts pas simples pour le SAS qui va devenir très vite un mythe et une référence au sein de l’armée anglaise qui formera aussi pendant la guerre des SAS français libres ou belges. Un premier tome très bien conçu et dessiné, bourré d’action, pour une histoire où tout est incroyablement vrai. Vincent Brugeas s’est confié à ligneclaire.info le jour de la sortie en librairies de The Regiment. Propos recueillis par Jean-Laurent TRUC.
Vincent Brugeas, pourquoi ce choix d’écrire une série, The Regiment, sur le Special Air Service, le SAS, créé par les Anglais en 1941 ?
C’est une proposition de Gauthier van Meerbeeck du Lombard. On était en contact pour un autre projet. Un de ses dessinateurs, Thomas Legrain, après huit tomes de Sisco voulait travailler sur le SAS et il m’a demandé si cela m’intéressait. J’ai dit OK et pris le même axe que Thomas voulait explorer.
Le SAS en quelques mots, c’est quoi ?
Le SAS au début, c’est une aventure de survie avec comme pire ennemi le désert de Libye en Afrique du Nord en 1941. C’est ce qui intéressait Thomas. Je ne voulais pas faire une BD avec des opérations qui se suivent, un catalogue. Il y aura trois tomes jusqu’à la fin des opérations en Afrique du Nord. C’est une histoire d’hommes, des trois fondateurs, David Stirling, Paddy Mayne et Jock Lewes. Ils sont au centre de l’histoire avec l’un d’eux comme narrateur.
Il y a eu aussi ensuite des Français Libres dans les SAS. Vous ne parlerez pas des SAS français en Bretagne le 5 juin 1944 ?
Je ne fais qu’évoquer les débuts des SAS français en Tunisie. Je me suis pas mal documenté bien sûr. Si le succès est au rendez-vous pourquoi pas ensuite et si la série continuait peut-être un autre cycle pendant l’invasion de l’Italie par les Alliés. Mon but n’est pas de raconter toute l’histoire du SAS mais d’amener les lecteurs à s’y intéresser en créant des personnages forts.
Le début de l’expérience c’est l’Afrique du Nord et ils se trompent dès leur première mission en voulant sauter en parachute sur l’objectif. Avec le Long Range Desert Groupe, autre unité très spéciale britannique, ils nouent une relation qui complète leur formation. Christopher Lee en fera partie. Avec eux ils apprennent comment survivre dans le désert. Ensuite le SAS aura ses lettres de noblesse et dure encore aujourd’hui mais pour des opérations plus secrètes comme aux Malouines ou en Irlande du Nord.
Des opérations ciblées, les Anglais sont des précurseurs ?
Deux éléments sont importants. En 1941 le SAS est l’une des unités commandos parmi beaucoup d’autres. Pourquoi autant ? Parce que les Britanniques ont perdu énormément de matériel et d’homme en 1940. Ils vont privilégier la qualité sur la quantité et cibler. Deuxièmement ils sont dans une situation où ils ne peuvent que donner des coups d’épingle mais surtout ils ont un chef, Churchill, qui est tout autant atypique. C’est au contact des Boers en Afrique du Sud où Churchill a combattu que les Anglais ont découvert le terme de commando.
Hitler avait donné l’ordre de les fusiller si ils étaient capturés.
Oui. Ils démoralisaient l’adversaire et contribuaient à l’insécurité des Allemands. Stirling avait un but stratégique et non tactique.
Leur formation repose sur l’entrainement drastique mis en place par Lewes, la voix-off de l’album qui avait touché du doigt en Allemagne avant guerre la réalité nazie.
Les Allemands auront aussi des commandos avec Skorzeny qui délivrera Mussolini.
Quand ils vont être acculés. Quand l’état major anglais a compris que Sterling avait besoin de pas grand chose on lui a donné. C’était un pari, on payait pour voir. Les Allemands feront pareil à la fin de la guerre.
Les Français suivront ces traces ensuite en Indochine à partir de 1946.
Beaucoup de soldats français seront marqués et transposeront en Indochine ces pratiques liées à leur passage dans SAS. Le SAS a aujourd’hui une vraie postérité. Mais on ne sait jamais où ils sont vraiment. On en sait plus pour la seconde guerre mondiale parce que l’ennemi est clairement défini. On n’a pas voulu faire une série. Il fallait créer un groupe de personnages attrayants. Tout est vrai quand c’est une date ou chiffré mais je fais de l’interprétation pour ce qui n’est pas dit. Dans le tome 2 il y a une part plus romanesque. J’extrapole un peu mais on a des témoignages précis.
C’est aussi une histoire de caste, de gentlemen guerriers
Oui, on se l’est demandé. On est dans un club pour les cadres. Ils sortent tous de facs, Oxford, Cambridge. Ils sont tous jeunes, pas formatés par l’armée anglaise et ont envie d’en découdre. Ce sont tous des patriotes et de grands sportifs. Paddy Mayne est avocat mais rugbyman professionnel. Ils se connaissaient tous en fait. La guerre va agrandir le club avec une deuxième vague plus issue du terrain.
Oui, la fin de l’aventure africaine. Stirling est capturé par les Allemands. Paddy le remplace et Jock aura un destin tragique.
Et pourtant il reste le narrateur ?
Oui c’était le meilleur, et il continuera ses commentaires. C’était un pari éditorial.
Thomas Legrain a eu besoin de beaucoup de doc ?
Oui, je l’ai aidé tant que j’ai pu. On n’a pas toujours tous les détails. Il y a des fans du sujet et je me suis reposé sur le sérieux de Thomas qui travaille de façon traditionnelle.
Hormis les SAS dans The Regiment, quoi d’autre ?
J’ai déjà donc fini le tome 2 des SAS qui sortira dans un an. On a fini aussi le tome 2 du Roi des Ribauds avec Ronan Toulhoat. On n’y reviendra pas avant deux ans. On a également une série en deux tomes avec Ronan chez Dargaud, Ira Dei, en 10140 en Sicile, à la suite des premiers mercenaires normands. Rien sur Block 109 et je n’y reviendrai pas.
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