Un Tintin peut en cacher un autre. On parle de bouquins ayant pour sujet le héros d’Hergé bien sûr. D’autant plus comme on l’a déjà dit que c’est le 40e anniversaire de sa mort. D’autres ouvrages ont été récemment évoqué sur le site. Cette fois l’auteur n’est pas un inconnu. Patrice Leconte est un brillant réalisateur, et aussi scénariste de BD. Tintin l’a toujours accompagné. Il aurait voulu adapter les Bijoux de la Castafiore. Dans ce Tintin de A à Z il décrypte malicieusement sous forme d’alphabet le monde de Tintin qu’il connait bien, amoureux de l’œuvre mais pas pour autant Tintinophile. C’est ce qui fait le charme de cet alphabet, son parti-pris et ses choix assumés loin heureusement des sommes philosophiques, psychologiques que l’on du mal à lire et qui encombrent souvent les rayons.
Abdallah, Alcazar (quel lascar), Appartement (celui du reporter) de la rue du Labrador méconnu, voilà le A, non pas celui de Fred mais de Leconte qui cisèle avec humour les textes. Alcazar révolutionnaire recyclé, qu’aurait-on dit si le Che était devenu trapéziste. Encore qu’il aurait mieux valu. Dans le désordre on peut choisir sa lettre, sa destination dans l’univers de Tintin recalibré, décliné par Leconte. Tiens, Brest par exemple, où Leconte a vérifié il n’y a pas plus de tonnerre qu’ailleurs. Ce qui permet de passer à Haddock, oui, Archibald de son prénom. Car son nom c’est une préparation à base de poisson très salée. Leconte en déduit que boit-sans-soif, un juron favori du capitaine y trouverait son origine. Filons à Tintin qui est aussi une interjection familière pour dire « allez vous faire brosser ». On finit avec Whisky mais là comme Leconte on ne c’est jamais étonné ni indigné que le capitaine en absorbe régulièrement au moins au début de ses aventures. Comme le dit à juste titre le réalisateur, à chaque gorgée encore aujourd’hui c’est à lui qu’on pense quand on en boit.
Un Tintin de A à Z qui se lit en souriant, avec une petite part de nostalgie et beaucoup d’intérêt. C’est léger, drôle, bien écrit et amusant tout en étant sérieux mine de rien. Patrice Leconte n’invente rien, sait surfer avec talent sur tout l’imaginaire d’Hergé et de l’environnement du petit reporter. Un chouchou, Nestor, une vraie figure, il aurait pu être tueur à gages, est passé du bon côté de la force mais à un air entre deux. Pas net Nestor avec son air de pas y toucher. Dommage qu’Hergé n’en ai pas fait un traître mais que se passe-t-il à Moulinsart quand il est seul Nestor ? Mystère et boule de gomme. Un petit bouquin charmant et qui mérite plus que le détour.
Tintin de A à Z, Casterman / Moulinsart, 19,95 €
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