Le guêpier vietnamien pour une Amérique qui s’embourbe dans un pays dont elle n’a jamais compris ni l’Histoire, ni la volonté d’indépendance, qu’elle n’a jamais aimé, avec le tome 2 de Vietnam Journal, on part en première ligne dans les rizières ou la jungle. Journal, le surnom de l’envoyé spécial d’un quotidien US, va avoir des choix à faire et être confronté à une réalité qu’il a connu en Corée au début des années 50. On rappellera qu’au Vietnam, les journalistes étaient les bienvenus parmi les troupes US, montaient comme ils le souhaitaient à bord des hélicos et accompagnaient comme le montre l’album les troupes au sol. Après l’impact négatif dans le monde entier, et pour cause, des photos du massacre de Mỹ Lai, l’armée a fermé ses portes à la Presse. C’est Don Lomax, vétéran de cette guerre, qui est aux commandes de son Vietnam Journal. Un million de jeunes GI’s iront s’y battre. Pour rien. Un réalisme sans fard qui fait mouche et acte de mémoire pour les deux camps.
Le Triangle de fer, au nord de Saïgon, une zone rouge qui va être tapissée de bombes par l’Air Force, Journal embarque dans un petit hélicoptère de reconnaissance qui part en mission. Au sol, ils doivent récupérer un officier et assistent à l’exécution sommaire de présumés Viet-Cong par un officier sud vietnamien. Ils repartent pour aider une section US encerclée que doit venir extraire un hélicoptère lourd. En l’attendant, Journal et l’équipage essayent d’aider les GI’s en leur envoyant des munitions et en dégageant la zone à la mitrailleuse ce qui va leur leur coûter cher. Journal, bien que journaliste, est même obligé de se servir d’une arme lourde, lui l’ancien combattant de Corée.
Au plus près de la réalité au quotidien de la vie et de la mort des « boys », Lomax ne cache rien dans ces épisodes vécus, authentiques par les dialogues, les faits, les ambiances. Les civils pris au piège, le mépris de certains soldats qui tuent à coups de M 15 les Vietnamiens sous prétexte qu’un VC peut se cacher parmi eux, la mort omniprésente, les MIA soldats disparus pendant les combats et jamais retrouvés, Lomax va au fond des choses avec un souci parfait du détail. On pense au film Platoon. Pas aux Bérets Verts de John Wayne. Lomax signe la plus forte BD sur une guerre qui a laissé des traces parfois indélébiles de part et d’autre. Remarquable. Enfin, il faut lire aussi le livre Putain de mort de Michael Herr.
Vietnam Journal, Tome 2, Le triangle de fer, Delirium, 20 €
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