La Belle espérance, des illusions au beau fixe

Une saga dans la ligne des films des années quarante, avec en toile de fond la crise de 1929, Paris attire une population de jeunes qui quittent leur campagne pour trouver un travail à la chaine dans des conditions déplorables. Les Ligues menacent la République et Blum va mettre en place le Front Populaire. La Belle espérance est celle des illusions un temps au beau fixe, des avancées sociales inégalées avec des héros aux profils variés mais vrais. Chantal Van den Heuvel au texte, Anne Teuf au dessin à la fois naïf et clair qui mine de rien tient la distance, ce premier volet bien que passionnant aurait mérité un peu plus de concision d’autant qu’il aura donc une suite. Une époque dont la nôtre pourrait rapidement se rapprocher en bien des points et qui a finit par 1939 avec un monde dévasté à reconstruire.

Le temps des fruits verts

1933, l’affaire Savisky et des millions partis en fumée, volés par cet escroc plus ou moins suicidé. A Paris le modiste Simon Bernstein est celui de la clientèle huppée avec une tête à la Mermoz et une sœur Sarah qui se bat pour la bonne cause. Ils sont juifs et ont fui d’Ukraine persécutés. Les Ligues d’extrême-droite manifestent. Blum est insulté à l’Assemblée Nationale. 1934 Roger retrouve sa mère Irma en Bretagne à l’Auberge de l’Océan. Il fait des études qui coûtent chers et veut devenir ingénieur. La jeune Louison est sa meilleure amie, plus même car elle est un peu amoureuse de lui et travaille à l’auberge qui est à Irma mais c’est Paul, son nouveau mari qui dirige. Louison ne supporte pas son beau-père qui a un serveuse pour maîtresse.

La Belle espérance

Deux couples qui pour des raisons différentes se retrouvent les uns à l’usine, Renault pour Roger dépossédé par le beau-père, Louison chez une couturière, les autres face à la grève par démagogie et appât du gain Simon ou encore plongée dans la lutte sociale du Front Populaire, Sarah, Blum évidemment et Thorez aux ordres du PC et de Moscou. On réapprend cette page d’Histoire avec ce mélange de destins qui vont avoir à affronter des obstacles moraux et physiques. Un petit côté à la fois Cosette et pourtant bien rendu à travers les rapports sauvages entre patronat et ouvriers, employés. On se laisse embarquer dans cette édifiante aventure dramatique à souhait.

La Belle espérance, Tome 1, Le temps des fruits verts, Delcourt, 24,95 €

 

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