Il était une fois, des sorcières un peu bizarres, de la magie (beaucoup), des courges et une semi-ogresse nommée Tempérance, recueillie par une sorcière un peu fofolle. Et puis il y a la brume, pas la petite brume d’après la pluie, mais la vraie celle qui recouvre tout, qui plonge le monde dans l’obscurité la plus totale et dangereuse. Cette brume avait disparue, le monde vivait tranquillement, à son rythme. La petite Tempérance avait bien grandit et même beaucoup, éduquée par un cercle de femmes, de sorcières comme elles aiment à s’appeler entre elles. Puis du jour au lendemain la brume sans crier gare est revenue et il va falloir la combattre ou en faire une alliée. Car la brume peut s’entendre si l’on tend bien l’oreille et Tempérance ne cesse de l’entendre. Commence alors sa quête, La Marche Brume signée par Stéphane Fert (auteur au beau talent suivi par Ligne Claire) son combat avec et contre la brume. Par Sidney TRUC.
Né en 1985, c’est Stéphane Fert qui est donc l’auteur de cette Marche Brume singulière. Il a grandi dans le sud-ouest de la France, très tôt passionné par les jeux de rôle, qu’il pratique sans compter. Il passe son bac, fait un détour par les beaux-arts et s’oriente finalement vers des études dans l’animation. Il décide ensuite de se lancer dans l’illustration et la bande dessinée. Il participe à plusieurs publications collectives, comme Café salé. En 2016, il dessine et coécrit, avec Simon Kansara, Morgane. En 2017, il publie Quand le cirque est venu, avec Wilfrid Lupano. En 2019, il scénarise et met en images Peau de mille bêtes, un roman graphique. En 2020, il retrouve Wilfrid Lupano et, ensemble, ils signent Blanc autour. Très influencé par la peinture moderne, il questionne le positionnement des personnages féminins.
Dans La Marche Brume, cette interrogation revient à nouveau, car au-delà d’être élevée par des sorcières, Tempérance fait partie d’une sororité, d’un clan fraternel de femmes fortes prêtent à tout pour se soutenir les unes les autres. L’œuvre a un petit coté féministe et aborde brièvement mais tout en finesse la question de l’avortement. L’écologie également est évoquée par certains dessins qui montrent une de nos villes modernes morte et abandonnée, mais pour autant ça ne se veut pas un conte écologique, mais plutôt une réflexion sur le monde moderne par le prisme de personnages de contes de fées. L’auteur aborde des thèmes sérieux tout en conservant une légèreté dans son dessin et un aspect joyeux dans les couleurs. Il arrive parfaitement à équilibrer des moments assez sombres et même tristes avec d’autres pleins de vie et d’humour grâce à des codes couleurs plus vif. Le trait est précis, actuel. Les personnages sont attachants, on a envie de connaitre leur devenir. C’est un très beau premier tome qui accroche vraiment. A quand la suite, que deviendront Tempérance et ses sœurs sorcières.
La Marche Brume, Tome 1, Le souffle des choses, Dargaud Hors collection, 21,50 €
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