Matz et Philippe Xavier sont désormais, si l’on peut dire, de vieux complices. Le Serpent et le Coyote les rassemblent après Tango dans un polar noir à souhait au demeurant très classique sur le fond et la forme. De Eastwood aux Coen, ou à d’excellentes séries TV comme Fargo ou Black List, on a non pas tout vu mais déjà eu un très bel aperçu du sujet. Matz a le polar dans l’âme. Un ex-truand de haute volée devenu témoin fédéral, un jeune coyote, les années 70 ce qui est un très bon choix, des tueurs aux fesses, le programme de protection mis en place pour les « balances », et évidemment un périple semé de cadavres dans une Amérique à l’ancienne, sans portables ou caméras de surveillance, drones ou autres, on se sent bien dans le contexte. On y ajoute le dessin toujours aussi fort de Philippe Xavier qui sait aussi bien faire vivre les paysages que mourir les méchants, décrire les sentiments les plus tordus. Résultat un album dont on dévore les pages comme justement les images d’un film du genre de haute lignée.
Le désert de l’Arizona, 1970, pas un chat et un type clope au bec, cheveux blancs dans un camping-car pourri. Une pause, une Pabst bien fraiche et un petit clubs qui a mal à la patte. Deux destins se croisent. Et la voix off du type emplit les cases. En Californie un type, témoin fédéral, a eu la mauvaise idée d’aller trop souvent prendre l’air sur la plage. Deux tueurs le flinguent. Prochain contrat un certain Guiseppe car le procès où il doit trop parler approche. Le Giuseppe il trace la route avec le chiot qu’il a embarqué. A New York on aimerait bien savoir au FBI où est passé Giuseppe Barella car on a mis en place un nouveau programme de protection des témoins. Une pause dans une station service, Giuseppe bavarde avec la jolie serveuse et trois types le suivent quand il repart, look hippie. Erreur bientôt fatale alors qu’un flic, Crews est chargé de le retrouver.
Pas d’états d’âme le Giuseppe comme non plus ses ex-copains qu’il a balancé. Arrivera-t-il au tribunal ? Tout l’histoire est là sans oublier le clébard qui n’est pas ce que l’on croit. La famille aussi de Giuseppe à ne pas négliger. Un sentimental ce type caïd de choc qui aimerait qu’on lui foute la paix. Erreur de ses anciens copains. Un superbe fresque à la Il était une fois en Amérique pour les cinéphiles. Matz a du talent et des références. Encart en noir et blanc pour les flashbacks. On pense aussi un peu à XIII. Suspense oblige on en reste là mais on conseille vivement cette mortelle randonnée à l’excellent titre.
Le Serpent et le Coyote, Le Lombard, 23,50 €
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