Un nouveau Cestac c’est la fête. Toujours. Cette fois elle prend avec Albert Algoud au scénario le chemin du collège. Une histoire de prof à l’aube des années 80, qui va croire en sa vocation, son rôle d’éducateur, ses élèves envers et contre tout. Sauf que ça ne pourra pas durer, Algoud survit, face à ses supérieurs, aux parents d’élève bornés malgré ses idées, ses efforts. un parcours du combattant émérite, courageux mais presque perdu d’avance. Reconversion on le sait pour Albert Algoud qui pourtant a un brin de nostalgie dans les propos éclairés au dessin par Florence Cestac qui sera à la Comédie du Livre en mai à Montpellier.
1978 il ouvre le bal comme prof dans un patelin où plus tard éclatera l’affaire Grégory. Un signe du ciel. Puis direction la Haute-Savoie mais sans la dame et Cabrel. Un coup de piston paternel. Va falloir adopter le vocabulaire local, découvrir le principal, le Hareng, qui ressemble à Acidenitrix, les autres profs, belle brochette méli-mélo, des synthèses parfois. Une classe de 6e qu’il va vouvoyer pour les calmer, respect mutuel. C’est quoi mutuel ? Il est le seul parmi les profs et déjà on se heurte aux fortes têtes, à des cas d’espèce tendres et drôles aussi. Il va vouloir les faire lire ses chérubins savoyards, crée une bibliothèque, les persuade et y ajoute des BD, leur demande leurs pôles d’intérêt. Il lit ses livres, fait du théâtre face à son public qui se laisse persuader. Il remet en cause le système des notes et se souviendra plus tard comment il été récompensé par un de ses anciens élèves qui se souvenait de lui et du Voyage au bout de la nuit. Grammaire mais avec ses variantes locales. Les autres profs lui reprochent d’être trop sympa. Algoud ne veut pas être un prof sadique comme il a eu.
Ce sont des tranches de vie cet album que Florence Cestac a su mettre en musique graphique avec pertinence, authenticité comme elle sait si bien le faire. Dessin punch, bien tourné. Des petites histoires pour une grande celle d’un prof parmi bien d’autres qui y croit et qui vont souvent jeter l’éponge et se laisser porter par un quotidien banal. Il a perdu la foi Albert Algoud même en appelant Tintin à l’aide, a divergé, laissé tomber l’enseignement, fait de la radio, de l’humour beaucoup avec brio, une autre vocation. La suite c’est Choron, Hara-kiri, Antoine de Caunes, Canal +. Un autre grande et belle histoire. Cela dit, il a eu du pot finalement Algoud. Pas de téléphone portable, pas de jeux vidéo, d’écran, d’abrutissement familial général, pas de problèmes de laïcité. Il a presque échappé au pire. Un album vérité pour un prof qui a cru en ses élèves et voulait leur donner le meilleur de lui-même.
Le Prof qui a sauvé sa vie, Dargaud, 15 €
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